La tension était palpable jeudi sur le site historique de PSA Peugeot Citroën, à Sochaux (Doubs), au lendemain de l'annonce de la suppression de milliers de postes en Europe, qui a plongé dans l'incompréhension les salariés de la marque au lion.
Mines renfrognées et regards inquiets, les salariés de l'usine de Sochaux, plus grand site industriel de France avec 12.076 salariés et 1.946 intérimaires, ont pris le travail jeudi avec en tête les annonces de la direction. Au total, ce sont près de 6.800 postes de travail qui pourraient être supprimés.
"On ne peut pas développer autant de modèles avec moins d'effectifs. La charge de travail va augmenter pour les salariés qui resteront et ce que nous ne pourrons plus faire en interne risque d'être sous-traité à l'étranger, aux dépens de la qualité", s’inquiète Claude Devillers, délégué FO et l'un des 4.000 techniciens et ingénieurs en CDI de Sochaux-Belchamp, qui s'occupent de la conception, du développement et des essais des véhicules. Un millier de prestataires travaillent à leurs côtés, précisent les syndicats.
Son collègue Maxime Saint-Voirin, 32 ans, s'interroge : "Comment un groupe avec un chiffre d'affaires en augmentation peut-il supprimer des postes et laisser partir à l'étranger ses compétences en recherche et développement ?"
"Mon poste en CDI ne risque a priori rien, mais celui de mes collègues et amis prestataires est menacé, ils ont peur de perdre leur emploi. D'un point de vue humain c’est terrible", ajoute-t-il.
Selon les annonces de la direction, les employés des activités hors production, comme l'informatique ou la recherche, sont les premiers visés, avec la suppression de 2.500 postes au sein de PSA et 2.500 autres dépendant de prestataires externes au groupe.
Le site de Sochaux sera probablement moins touché que ceux de Poissy, qui accueille notamment le Pôle Tertiaire (3500 collaborateurs) de PSA, d'Aulnay (Seine-Saint-Denis) et de Sevelnord (Nord).
La direction du groupe devrait détailler lors du comité central d'entreprise du 15 novembre la manière dont les différents sites de PSA seront touchés. En attendant, c'est l'incertitude pour les salariés.
"Tout le monde est dans l'attente du comité central. A Sochaux, on se fait du souci pour nos intérimaires", confie Bernard, employé à la production, dans l’atelier ferrage.
"Lorsque j’ai commencé en 1973, nous étions 42.000 salariés à Sochaux. J'en ai vu des réductions d’effectifs et des renvois d’intérimaires...", ajoute-t-il.
A Bessoncourt, un site où sont situés les services informatiques de PSA, on attend également fébrilement le 15 novembre. "On est dans le flou. A priori, ce sont nos 50 prestataires extérieurs qui ont le plus de souci à se faire, mais on ne peut pas exclure que les 350 salariés du site soient aussi menacés", estime Michel Weber, délégué syndical CFE-CGC.