Qatar Airways, compagnie aux ambitions mondiales, a infligé un camouflet mardi à son fournisseur Airbus au salon de Dubaï, affirmant que l'avionneur européen devait encore "apprendre à faire des avions".
"Nous sommes arrivés à une impasse avec eux. Nous espérions conclure un accord et faire une annonce très importante aujourd'hui", a déclaré le patron de Qatar Airways, Akbar al-Baker.
"Malheureusement, j'ai l'impression qu'Airbus est toujours en train d'apprendre à faire des avions", a-t-il lancé après avoir annulé une conférence de presse conjointe avec le constructeur.
Airbus espérait décrocher au salon aéronautique de Dubaï une commande en milliards de dollars pour cinq super-jumbo A380 et 50 moyen-courriers mono-couloir A320 Neo. Cette commande était déjà attendue en juin dernier au salon du Bourget, près de Paris.
M. Baker, connu pour ses revirements spectaculaires dans les salons, n'a pas exclu un déblocage des négociations à la dernière minute. "Mais je suis pessimiste", a-t-il dit.
Il n'a pas voulu préciser la nature de son désaccord avec Airbus mais a assuré qu'il n'était pas dû au retard de livraison pour son nouveau long-courrier A350 en matériaux composites. Cet appareil sera livré au premier semestre 2014, alors qu'il était initialement attendu fin 2013.
"Un retard de six mois pour un nouveau programme n'est pas significatif", a-t-il dit, tout en prévenant qu'il ne pouvait pas se permettre des délais plus importants. Qatar Airways est le plus gros client de l'Airbus 350.
Le patron de Qatar Airways a en revanche fait état d'un autre désaccord avec Airbus. Il a affirmé que l'avionneur européen "ne se décidait malheureusement pas" à transformer les A330 de Qatar Airways en avions cargo. En conséquence, la compagnie qatarie va revendre ses A330 et acheter des 767 que Boeing a accepté de transformer en cargos, a-t-il annoncé.
Qatar Airways est la deuxième compagnie aérienne du Moyen-Orient derrière Emirates, basée à Dubaï, et se développe a une vitesse spectaculaire sur les routes transocéaniques. Elle possède une centaine d'avions et un carnet de commandes de quelque 140 appareils. Sa flotte est composée d'Airbus 320 et 330 et de Boeing 777.
Qatar Airways a acquis récemment la compagnie de fret Cargolux, basée au Luxembourg, et ambitionne de devenir le premier transporteur de fret du Moyen-Orient.
M. Baker a renouvelé ses critiques contre l'évolution du programme de l'A350-1000, la version la plus puissante du prochain long-courrier d'Airbus, dont il a commandé une vingtaine d'exemplaires, et qui devrait concurrencer directement le 777-200 de Boeing.
Le coup est d'autant plus sévère pour Airbus que M. Baker a multiplié les éloges pour le 777, dont il a commandé mardi deux exemplaires en version cargo.
Boeing s'était imposé dès l'ouverture du salon dimanche, en décrochant une commande géante de cinquante 777-200 d'Emirates, d'une valeur catalogue de 18 milliards de dollars, sans précédent dans son histoire.
Airbus a de son côté annoncé mardi la vente de 30 A320 Neo à la compagnie américaine de leasing Aviation Capital Group, pour un prix catalogue de 2,7 milliards de dollars.
Lundi, il avait signé un premier contrat avec la société de leasing Alafco, basée à Koweït, pour 50 nouveaux Airbus 320 Neo, au prix catalogue de 4,6 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros). Les clients obtiennent toujours des constructeurs des réductions substantielles sur le prix catalogue.
Boeing comme son rival européen table sur l'augmentation du trafic passagers au Moyen-Orient et les comandes pharaoniques des compagnies du Golfe --Emirates, Qatar Airways, et la nouvelle venue Etihad, basée à Abou Dhabi-- pour soutenir leur propre croissance.