Ecoles fermées, hôpitaux et services municipaux ralentis: les salariés du public étaient en grève mercredi au Royaume-Uni, un mouvement dont les syndicats ont tenté de faire une véritable démonstration de force contre un gouvernement intraitable sur sa réforme des retraites .
D'après Unison, principal syndicat de la fonction publique, quelque deux millions de personnes ont participé à cette journée d'action dans un pays peu habitué aux grands mouvements sociaux et toujours très sourcilleux sur les retombées négatives pour les usagers. Une des raisons pour lesquelles l'opposition travailliste a pris des distances prudentes avec la grève, tout en refusant de jeter la pierre aux fonctionnaires.
De nombreuses manifestations, notamment à Londres et à Manchester, ont également ponctué cette journée dont les organisateurs voulaient faire la "plus importante depuis une génération" mais qui n'a été, selon le Premier ministre David Cameron, qu'un "pétard mouillé", avec la participation de "moins d'un tiers des fonctionnaires". Un chiffre qui ne prend toutefois en compte que le personnel administratif.
La police a opéré une cinquantaine d'arrestations dans la capitale pour neutraliser des "fauteurs de trouble".
Le mouvement a été très suivi dans les écoles, dont les trois quarts ont été touchées, obligeant des milliers de familles à garder leurs enfants à la maison. Le gouvernement avait appelé à la bienveillance les chefs d'entreprise leur demandant d'accepter les enfants de leurs salariés au bureau.
Dans les hôpitaux, souvent seuls les soins d'urgence étaient assurés. Les services municipaux tournaient eux aussi au ralenti, comme les tribunaux.
En revanche, ports et aéroports où l'on craignait le chaos, faute de fonctionnaires en nombre suffisant pour le contrôle aux frontières, ont été épargnés.
Aucune perturbation n'a été signalée dans les trains Eurostar, pas plus que dans les deux plus grands aéroports du pays, Gatwick et Heathrow où le personnel s'était pourtant muni de biscuits et d'eau en prévision de longues files d'attente.
D'après un porte-parole de British Airways, deux tiers environ des salariés chargés du contrôle à Heathrow étaient à leurs postes. Des renforts avaient également été mobilisés et certaines compagnies avaient anticipé en annulant des vols.
"Comme j'ai un passeport américain, je pensais devoir attendre beaucoup plus longtemps", s'est félicitée Dawn Wilson, une étudiante de 28 ans, tout étonnée d'avoir franchi si vite les contrôles.
"Ce n'était pas un très grand mouvement public. Il y avait peut-être deux millions de personnes en grève, mais 26 millions étaient au travail. Ca n'avait rien d'une grève générale", a estimé Tony Travers, un expert de la prestigieuse London School of Economics. "Et ça ne va pas faire changer d'avis le gouvernement, c'est sûr".
David Cameron a réaffirmé à ce propos mercredi que la réforme des retraites était "absolument essentielle" du fait de l'allongement de l'espérance de vie et du nécessaire équilibre avec le secteur privé.
Dans le cadre de son plan de rigueur, le gouvernement prévoit de repousser l'âge de départ à la retraite dans le secteur public à 66 ans en 2020 - contre 60 ans pour la plupart actuellement - et d'augmenter les cotisations.
La pilule a d'autant plus de mal à passer qu'il vient d'annoncer un gel des salaires des fonctionnaires jusqu'en 2013, qui s'ajoute aux 710.000 suppressions de postes d'ici 2017 dans la fonction publique.
"Ce gouvernement prend plein d'argent aux plus pauvres", mais "il ne touche ni aux bonus, ni aux banques", se plaignait Russel Challinor, 49 ans, qui participait à un piquet de grève devant un bâtiment municipal, dans le centre de Londres.