Les autorités allemandes de la concurrence ont annoncé mercredi avoir lancé une enquête contre cinq groupes pétroliers et opérateurs de stations-service (BP/Aral, Esso, Jet, Shell et Total), soupçonnés d'entraver la concurrence au détriment de petits opérateurs indépendants.
Cette annonce intervient sur fond de vif débat en Allemagne sur la flambée des prix de l'essence et du gazole observée depuis plusieurs semaines.
L'enquête a débuté mardi, selon un communiqué, qui fait part d'une "série de plaintes d'opérateurs indépendants de stations-service à propos des prix des cinq groupes", qui possèdent leurs propres enseignes de stations-service, mais aussi leurs raffineries, dont dépendent leurs concurrents.
Les stations-service indépendantes représentent un tiers du marché.
"Dans plusieurs cas les stations-services indépendantes rapportent avoir dû acheter de l'essence ou du gazole à ces cinq groupes à des prix supérieurs à ce que ces derniers demandaient à la pompe dans leurs propres stations-service", selon l'Office fédéral allemand de la concurrence.
L'Office n'en est pas à sa première tentative contre cet oligopole des cinq groupes pétroliers. Il a jusqu'ici toujours échoué à les épingler pour entente sur les prix, mais a à plusieurs reprises déclaré qu'il les maintenait sous une surveillance très étroite.
"C'est un processus en continu mais cela n'a rien de facile car la cible est mouvante: les prix changent en permanence", a expliqué à l'AFP un porte-parole de cette administration.
"Avant l'annonce d'aujourd'hui nous avons effectué un important travail préparatoire et il s'agit maintenant que ces cinq entreprises répondent à certaines questions et nous soumettent certains documents dans un délai précis, que je ne peux dévoiler", a-t-il dit.
"Si ces pratiques sont confirmées, il s'agit d'éviter qu'elles ne se reproduisent. Il n'est pas question d'amendes dans cette procédure", a-t-il ajouté.
Un porte-parole de la filiale de Total en Allemagne a pour sa part indiqué à l'AFP que le groupe avait bien reçu mardi une lettre de l'Office, lui demandant des précisions à propos des prix pratiqués par l'une de ses stations-service, à donner d'ici début mai.
"Nous allons naturellement collaborer", a dit le porte-parole, qui assure que Total Allemagne a déjà reçu par le passé plusieurs demandes de ce genre et que "jusqu'ici elles n'avaient jamais été suivies de plaintes" formelles.
"Je me demande comment l'Office de la concurrence va pouvoir expliquer aux automobilistes, qui se font du souci face à la hausse des prix, qu'il nous reproche d'être trop bon marché", a-t-il ironisé.
Il s'est aussi insurgé contre le fait que l'Office anti-cartel "mette Total dans le même sac" que les quatre autres groupes, plus importants. Total Allemagne gère un millier de stations-service, et pèse 7,5% du marché.