La Chine et la Russie ont loué mardi le niveau "sans précédent" de leurs relations pendant la visite à Pékin du Premier ministre russe Vladimir Poutine, lors de laquelle des contrats de plusieurs milliards de dollars ont été signés.
"Un niveau sans précédent de compréhension mutuelle nous permet de résoudre avec succès n'importe quel problème", a affirmé M. Poutine à l'issue d'une rencontre avec son homologue chinois Wen Jiabao et de la signature d'accords.
Une première série a totalisé 3,5 milliards de dollars, selon le vice-Premier ministre russe Alexandre Zhoukov. Puis 11 "documents de coopération" ont été signés après la rencontre entre MM. Poutine et Wen, a annoncé ce dernier lors d'une conférence de presse télévisée.
Les deux voisins sont notamment convenus de se prévenir mutuellement en cas de lancement de missiles balistiques à partir de leur territoire.
"Ceci est un pas très important pour accroître la confiance mutuelle et renforcer la coopération stratégique", a souligné Vladimir Poutine, qui doit participer mercredi à un sommet des chefs de gouvernement de l'Organisation de coopération de Shanghai.
L'OCS rassemble la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan.
Dans le domaine énergétique, le groupe russe Gazprom et le géant pétrolier chinois CNPC (China National Petroleum Corporation) ont signé un accord-cadre sur des livraisons sur le long terme de gaz russe à la Chine, portant sur près de 70 milliards de mètres cubes par an, selon le patron du groupe russe Gazprom, Alexeï Miller.
Le vice-président russe Igor Sechin a affirmé aux journalistes que le contrat serait signé formellement en juin, avec des livraisons en 2014-2015.
Dès 2006, CNPC avait signé un protocole avec Gazprom pour des livraisons de gaz, à la Chine, devant porter sur 68 milliards de m3 par an, selon le site de Gazprom. Mais le projet a été retardé par un désaccord sur les prix.
La Russie, confrontée à une nette baisse de la consommation en Europe, cherche de plus en plus à se tourner vers les marchés d'Asie-Pacifique, où la demande est croissante.
La Chine, pour sa part, parcourt les continents pour diversifier ses sources d'approvisionnement.
Au total, Pékin et Moscou ont paraphé mardi matin une quarantaine d'accords commerciaux et financiers.
China Development Bank et Agricultural Bank of China ont notamment accepté d'accorder pour 1 milliard de crédit -- 500 millions de dollars chacune -- à des établissements russes, Vnesheconombank, aussi baptisée Banque russe de développement, et VTB bank.
"C'est peut-être la première fois que des accords commerciaux de cette importance sont conclus dans ces proportions entre entreprises chinoises et russes", a souligné M. Zhoukov.
En forte progression depuis le début de la décennie, le commerce bilatéral a atteint 56,83 milliards de dollars l'an dernier, selon le ministère chinois du Commerce.
Il a ainsi pratiquement doublé par rapport à son niveau de 2005 (29,1 milliards de dollars) et surtout se rapproche du but que s'étaient fixé les deux voisins il y a trois ans (entre 60 à 80 milliards de dollars d'ici à 2010).
En juin, en visite dans la région de Moscou, le président chinois Hu Jintao avait souligné que la Russie serait "toujours (...) une priorité" de la politique étrangère de la Chine.
Lors d'une précédente visite en Russie du président Hu en mars 2007, sociétés russes et chinoises avaient signé pour environ quatre milliards de dollars de contrats.