Les grands argentiers du G20 se sont retrouvés vendredi soir en Ecosse pour ausculter l'économie mondiale convalescente, et débattre de changement climatique, sujet très peu consensuel, tandis que la France se démenait de nouveau pour remettre les bonus au centre des débats.
La réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du G20 se déroule vendredi et samedi à Saint Andrews, berceau historique du golf, dans un palace isolé avec vue sur la mer du Nord. C'est leur troisième et dernière réunion sous présidence britannique cette année, outre le sommet des chefs d'Etat tenu à Londres en avril.
Les débats porteront sur la mise en place du "cadre de travail" décidé lors du sommet de Pittsburgh aux Etats-Unis fin septembre, un mode de fonctionnement basé sur la surveillance multilatérale avec le Fonds monétaire international comme arbitre.
Dans une interview publiée vendredi par quatre journaux européens, le ministre britannique des Finances Alistair Darling a noté qu'il fallait "agir", sous peine de "faire face à une décennie de croissance molle et de faible emploi".
Les grandes banques centrales, Fed américaine, Banque centrale européenne (BCE) et Banque d'Angleterre, ont toutes noté cette semaine que les signes de reprise étaient loin d'être suffisamment installés pour modifier leur politique de taux d'intérêt historiquement bas.
Et vendredi, le franchissement par le chômage américain de la barre des 10% a été, selon le président Barack Obama, "un dur rappel à la réalité qui souligne les difficultés qui nous attendent".
L'autre grand débat, et le plus difficile, sera le financement de la lutte contre le changement climatique pour les pays les plus pauvres. La semaine dernière, les Européens ont fixé un objectif mondial de 100 milliards d'euros par an de 2013 à 2020.
Mais ils se sont gardés de s'engager sur leur propre contribution à cette manne. A un mois de la conférence de Copenhague sur le sujet, la situation est pour l'instant bloquée. M. Darling a noté vendredi des "barrières importantes" à un accord. Parallèlement une poignée de manifestants se sont réunis dans Saint Andrews vendredi, tandis que se tient samedi dans la ville un contre-sommet des ONG.
Richard Dixons, directeur du Fonds mondial pour la nature (WWF) en Ecosse, a espéré que le G20 accepterait d'inscrire dans son communiqué la somme de 160 milliards de dollars (l'équivalent de la somme suggérée par l'Europe).
La question des bonus, du point de vue de la plupart des participants, a été largement résolue à Pittsburgh par l'adoption d'un cadre général portant sur leur étalement et leur versement majoritairement en actions. "Chacun met des mesures en place", a noté une source britannique.
Mais la France, dont c'est le cheval de bataille, devrait de nouveau tenter de ramener les débats sur cette question ce week-end.
Elle a repris l'initiative sur ce sujet jeudi en devenant le premier pays à inscrire dans un texte officiel des contraintes pour l'attribution des bonus, avec un arrêté au Journal Officiel.
La ministre des Finances Christine Lagarde a appelé vendredi à ce que soit partout "gravé dans le marbre" que "nous voulons arrêter les excès, mettre fin aux abus, et aux bonus qui incitent à prendre des risques", a-t-elle dit.
Les ministres et banquiers centraux, accueillis au son de la cornemuse, devaient avoir de premières discussions autour d'un dîner de travail vendredi, avec options végétariennes. Coquilles Saint-Jacques, soufflé au chèvre au sorbet parmesan, gibier, courgettes farcies et Tatin aux prunes étaient au menu.