Le coût du fioul flambe lui aussi de manière préoccupante, mais les millions de foyers qui en dépendent pour se chauffer ne bénéficient pour le moment d'aucune aide similaire à celles prises contre la cherté des carburants, du gaz et de l'électricité.
Selon les données de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC), le prix du litre de fioul domestique est remonté actuellement juste en dessous d'un euro le litre (à 99,6 centimes), tout près de son record historique de mars (1,015 euro).
Cette envolée, qui reflète les cours du pétrole brut et de l'euro, fait exploser les factures des quelque 4 millions de foyers qui utilisent le fioul pour se chauffer, principalement des habitants de communes rurales ou péri-urbaines non reliées aux réseaux de gaz naturel.
Le calcul est vite fait: à près d'un euro le litre, le plein d'une cuve (proche de 1.000 litres en moyenne selon les professionnels) frôle le millier d'euros. La consommation annuelle d'un pavillon de 120 m2 varie elle entre 1.500 et 2.500 litres, soit presque autant d'euros, selon la région et l'isolation du bâtiment.
Alors que l'automne, période phare pour le remplissage des cuves, approche à grands pas, la flambée inquiète les associations de consommateurs.
"Les familles font remplir les cuves de plus en plus tard, et les remplissent de moins en moins, et certaines personnes ne se chauffent plus qu'une journée sur deux ou trois, ce qui a des conséquences sur la santé notamment pour les personnes âgées", affirme Serge Incerti-Formentini, président de la Confédération nationale du logement (CNL).
"Il y a une situation socialement urgente et il faut une réponse à la hauteur des enjeux", ajoute-t-il.
Suppression de la prime à la cuve
Or, alors qu'au nom de la défense du pouvoir d'achat, le gouvernement Ayrault a diminué les prix à la pompe, et plafonné cet été à 2% les hausses des tarifs réglementés du gaz et d'électricité, les ménages se chauffant au fioul, ne bénéficient plus d'aides directes, depuis la suppression il y a deux ans de la prime à la cuve.
Cette aide créée en 2005 était versée aux foyers non imposables et avait été progressivement portée de 75 à 200 euros. Elle a été remplacée l'an dernier par une "prime à la casse" des vieilles chaudières, pour faciliter leur remplacement par des modèles plus performants.
Mais selon la CNL, cette prime à la casse (financée par les fournisseurs), relancée cette année, ne répond pas au fond du problème, vu son montant (de 150 à quelques centaines d'euros, alors qu'un modèle de bonne facture représente un investissement de plusieurs milliers d'euros).
"Malgré un niveau de prix élevé, le coût du chauffage au fioul reste inférieur au propane ou à l'électricité, donc peut-être considère-t-on que ce n'est pas un sujet crucial. Cependant, les efforts qui ont été faits sur les tarifs du gaz et de l'électricité, et les carburants, pourraient laisser penser qu'il faudrait se préoccuper des consommateurs de fioul domestique", abonde Frédéric Plan, président de la Fédération française des carburants, combustibles et chauffage (FF3C).
Une solution serait de baisser la taxe sur le fioul domestique. Mais le ministère de l'Economie et des Finances a écarté une telle mesure, d'après France Info.
Cependant, tout espoir n'est pas perdu pour les consommateurs, la majorité s'apprêtant à aborder la question dans le cadre de la proposition de loi sur la tarification progressive du gaz et de l'électricité, qui devrait être déposée mercredi au Parlement.
Ce texte va "ouvrir le chantier" des énergies dites "hors réseaux" (fioul, GPL, bois...), sans apporter toutefois de réponses concrètes à ce stade, du fait de la complexité du sujet, a dit à l'AFP le député socialiste François Brottes, qui pilote ce dossier.