Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a mis en garde lundi contre de "mauvaises attentes" vis-à-vis de la Banque centrale européenne (BCE), alors qu'une réunion très attendue de l'institution monétaire est prévue jeudi.
Et de répéter la position allemande, dans cet entretien à la radio allemande Deutschlandfunk: "Les dettes des Etats ne doivent pas être financées par la BCE".
Les attentes qui pèsent sur la réunion jeudi du conseil des gouverneurs de la BCE sont énormes, son président Mario Draghi étant censé y dévoiler les contours d'un nouveau plan de rachats d'obligations publiques sur le marché secondaire, contesté en Allemagne, pour aider la zone euro.
De son côté, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, s'est refusé à commenter un possible rachat d'obligations par la BCE, lors d'une conférence de presse régulière lundi en fin de matinée.
"Une critique ou une approbation serait déjà une forme d'ingérence politique (dans la gouvernance de la BCE, ndlr). Le gouvernement a confiance dans le fait que la BCE fera ce qui est nécessaire dans le cadre de son mandat", a-t-il ajouté.
Dans le quotidien allemand Rheinische Post, paru lundi, le ministre allemand de l'Economie, Philipp Rösler, a toutefois montré moins de réserves et s'est dit une fois de plus opposé à un rachat de dette publique en vue de soulager les conditions de financement des Etats en difficulté.
"L'achat d'obligation ne peut pas être une solution de long terme car cela entraîne un risque d'inflation", a-t-il dit.
"Le président de la BCE Mario Draghi a lui-même estimé que seules les réformes structurelles dans chaque pays pouvaient assurer la stabilité et la compétitivité de notre monnaie", a-t-il ajouté.
Le ton est récemment monté entre la BCE et la très orthodoxe Bundesbank, la banque centrale allemande, sur ce thème, au point que M. Draghi est lui-même monté au créneau pour défendre sa politique la semaine dernière par voie de presse, un fait inhabituel pour lui.
Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, a récemment assimilé les rachats d'obligations par la BCE à "un financement des Etats par la planche à billets", qui risque de faire l'effet d'une "drogue" pouvant rendre les Etats "accro".