Un climat lourd pour une rentrée pleine d'incertitudes : après un mois de vacances et une semaine de chômage partiel, les ouvriers de l'usine PSA d'Aulnay ont repris mardi le chemin de l'usine, déterminés à se battre mais "sans illusions" sur leur avenir.
Les bus spéciaux et les voitures particulières ont commencé à affluer vers 06H00 de toute l'Ile-de-France sur l'immense parking de l'usine qui emploie quelque 3.000 salariés. Avant de passer les portiques et de "badger", beaucoup ne cachaient pas leur inquiétude en cette journée de reprise du travail.
"On revient travailler parce qu'on n'a pas le choix. Mais le coeur n'y est pas", explique Michel Giancatarina, 57 ans, employé à l'usine d'Aulnay-sous-Bois depuis l'âge de 20 ans.
"Honnêtement, on est sans illusions sur la fermeture de l'usine. La question, c'est surtout ce qu'on va devenir après. Pas trop pour moi, parce que je suis près de la retraite. Mais surtout pour les collègues de 40 à 50 ans. Ca va être dur pour eux de se recaser", explique-t-il.
A quelques mètres de lui, Saysavath Sayamountry s'attarde un instant avant de passer les portiques de sécurité. "C'est le premier jour, on ne sait pas trop ce qui va se passer. Mais on sait bien que ça va être difficile", explique ce quadragénaire, à Aulnay depuis dix ans.
Beaucoup expliquent avoir eu du mal à couper les ponts avec l'usine, malgré les six semaines de coupure. "J'ai pris quelques jours de vacances seulement et ma tête était toujours à Aulnay", confie Bao Nguyen, 46 ans, ouvrier à Aulnay depuis 12 ans, se disant un peu "dégoûté" de la situation. "Je suis prêt à me mobiliser, et de manière forte s'il le faut, car il n'y pas d'autre choix", ajoute dépité ce père de famille, emmitouflé dans une parka bleue marine.
"Il faut rester combatifs"
La grève, chacun y pense, même si aucun mot d'ordre précis n'a pour l'instant été donné. "Tant qu'on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé, il faut rester combatifs et prêts à se mobiliser, même si on est abattus", lance Eric Basquin, 47 ans, ouvrier en carrosserie.
"Je suis prêt à voter la grève", acquiesce Ali, ouvrier déterminé qui ne souhaite pas livrer son patronyme. "Mais il vaut mieux peut-être faire des débrayages, car tout le monde ne supportera pas la perte financière d'une grève", estime-t-il.
Mardi matin, des assemblées générales devaient se tenir secteur par secteur dans les ateliers, pour consulter les salariés sur leur état d'esprit. Une réunion de concertation avec les différents syndicats doit par ailleurs se tenir à partir de 14H00 à l'usine de Poissy (Yvelines).
"Les salariés vont décider du type d'action qu'ils souhaitent mener, une grève ou encore des opérations coups de poing", explique Jean-Pierre Mercier, délégué CGT d'Aulnay.
PSA Peugeot Citroën, premier constructeur automobile français, a annoncé en juillet la suppression de 8.000 postes et la fermeture à l'horizon 2014 de son usine d'assemblage d'Aulnay-sous-Bois.
Fin juillet, des élus du comité central d'entreprise ont mandaté à l'unanimité une expertise sur la santé financière de PSA. Le processus de restructuration est suspendu dans l'attente de ses conclusions, qui n'auront cependant qu'un rôle consultatif.
Les représentants CGT de PSA ont appelé lundi tous les salariés et syndicats du groupe à manifester au Salon de l'Automobile le 9 octobre. Un rassemblement est par ailleurs prévu le 29 septembre à la "Cité des 3.000" d'Aulnay, où habitent plusieurs centaines de salariés de l'entreprise.