La zone euro reprenait espoir vendredi au lendemain des décisions importantes annoncées par la Banque centrale européenne (BCE), même si la balle est désormais dans le camp des Etats comme l'ont rappelé les dirigeants français et allemand.
Les décisions de l'Union européenne et de la BCE ne "dispensent pas" les Etats de "mettre de l'ordre" dans leurs comptes publics, a ainsi affirmé le président français, François Hollande, répondant indirectement aux préoccupations d'une partie de l'Allemagne. Il a estimé que le temps était venu de "clore" cette phase de la crise faite d'atermoiements de la part des Etats.
La BCE a annoncé jeudi une série de mesures exceptionnelles pour enrayer la crise de la zone euro, incluant notamment un programme illimité de rachat de dette des pays ayant du mal à se financer sur les marchés, comme l'Espagne et l'Italie.
Ce programme sera toutefois enclenché à la condition stricte que les Etats qui souhaitent en bénéficier aient auparavant fait appel à l'aide des fonds de secours européens, le FESF, provisoire, et le MES, son futur successeur.
Un point essentiel pour Berlin. La BCE a clairement "indiqué que l'avenir de l'euro dépend dans une large mesure des agissements politiques et que la conditionnalité est un point très important", a souligné de son côté la chancelière allemande, Angela Merkek, lors d'une conférence de presse à Vienne.
"C'est le chemin que nous avons toujours choisi", a-t-elle indiqué, ajoutant qu'il n'y a pas d'aide sans condition et sans contrôle. Elle a aussi rappelé que l'institution de Francfort agissait dans le cadre de son mandat, nonobstant les fortes critiques exprimées par une partie de la presse et par la banque centrale allemandes.
La Bundesbank, qui a voté contre le programme lancé par la BCE, a réitéré jeudi ses critiques, redoutant que les Etats européens ne renvoient aux calendes grecques les réformes nécessaires, forts du soutien de la banque centrale européenne.
Elle a également estimé que de tels rachats de dette s'assimilaient à un financement des déficits publics, ce qui est interdit à la BCE.
Une critique balayée vendredi par le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble. "Ce n'est pas le début d'un financement monétaire de la dette publique. Ce ne serait pas acceptable, mais ce n'est pas cela", a déclaré le ministre.
Il rejoint ainsi les déclarations faites jeudi par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui a lui aussi jugé que la BCE agissait "pleinement dans son mandat de maintien de l'intégrité de la politique monétaire".
Les réactions positives l'ont largement emporté, dirigeants européens et marchés s'accordant à estimer qu'un pas important a été accompli pour assurer la viabilité de la monnaie unique.
La BCE a offert une réponse "efficace" à la crise de l'Euro, s'est ainsi félicité le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy.
"Le fait qu'il ait suffit de quelques mots pour rétablir le calme montre bien que c'était ce qu'il fallait faire, qu'il manquait seulement le courage et la volonté politique", a déclaré vendredi le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel García Margallo.
L'Espagne, qui a déjà adopté des mesures d'austérité douloureuses, s'est toutefois jusqu'à présent montrée réticente à faire appel à une aide globale européenne --après celle obtenue pour ses banques--, condition sine qua non pour bénéficier du programme de rachats de la BCE. "Ce ne sont pas des décisions qu'on prend par dessus la tête ni du jour au lendemain", a affirmé la porte-parole du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria, à l'issue du Conseil des ministres.
Soulagés par ces annonces, les Bourses européennes, qui avaient déjà clôturé en nette hausse jeudi, ont poursuivi leur progression, terminant toutes en hausse, tandis que la prime de risque sur l'Espagne se détendait nettement, le taux d'emprunt à 10 ans du pays passant sous le seuil des 6% vendredi sur le marché de la dette, pour la première fois depuis fin mai.