L'Union européenne a mené lundi une offensive de charme auprès des Asiatiques, affirmant contrôler la crise de la dette et appelant ses partenaires à faire plus pour la croissance, lors d'un sommet qui réunit au Laos une cinquantaine de dirigeants des deux continents.
Alors que les grandes puissances du G20 sont réunies à Mexico pour maintenir la pression sur l'Europe avant une nouvelle semaine cruciale pour la Grèce, l'UE entendait démontrer qu'elle n'était pas en perdition.
"Nous avons fait des choix pour la stabilité et la croissance et (...) nous allons mettre en place l'Union bancaire. Ca peut rassurer les investisseurs asiatiques, les faire revenir sur les marchés européens", a indiqué le président français François Hollande, pour son premier voyage en Asie depuis son élection en juin.
L'Europe a fait un "effort énorme", a renchéri le Premier ministre italien Mario Monti, soulignant combien la crise actuelle "frappe réellement à toutes les portes".
La délégation européenne avait pour objectif de démontrer puissance et unité dans une période trouble et un contexte d'interdépendance croissante des deux blocs dans l'économie mondiale.
Mais les Européens ont aussi voulu rappeler quelques règles du commerce international. François Hollande a ainsi stigmatisé la "concurrence déloyale" du yuan chinois, jugé sous-évalué ce qui permet à Pékin d'exporter ses produits à des prix plus bas.
"Une partie des pays d'Asie, et notamment la Chine, ont des monnaies qui ne sont pas convertibles. Nous devons faire en sorte qu'il y ait une réforme du système bancaire international et que nous puissions avoir des échanges qui soient mieux équilibrés".
Le président de l'UE Herman Van Rompuy a pour sa part mis en garde contre la tentation du protectionnisme, sans pointer qui que ce soit de façon explicite.
"Promouvoir le commerce n'est pas seulement favoriser la demande intérieure, c'est aussi éviter le protectionnisme", a-t-il déclaré, en invitant ses interlocuteurs à rester "fidèles à des économies ouvertes et aux règles commerciales mondiales communément admises".
Le sommet, qui se tient tous les deux ans, devait aussi permettre à l'UE de se rapprocher d'une Asie certes en voie de ralentissement, mais qui conserve des taux de croissance insolents.
"Les dirigeants européens se tournent vers les économies d'Asie en forte croissance pour un sauvetage économique", a résumé Rajiv Biswas, de la société IHS Global Insight.
"Même si les capitaux asiatiques ne peuvent venir au secours de l'actuelle crise de la dette souveraine de l'UE, les flux de capitaux à long terme pourraient devenir une source de financement de plus en plus importante et stable".
De fait, la Chine a acheté ces derniers mois des obligations émises par les Etats de la zone euro et le fonds de secours FESF, tout en s'intéressant au futur fonds de sauvetage permanent de la zone (MES). Et l'UE convoite les 3.000 milliards de dollars de réserves de change chinoises, les plus importantes du monde.
De son côté, l'Asie garde en tête la terrible crise financière de 1997-98 et espère se prémunir contre une contagion trop pénalisante, après avoir déjà souffert de la baisse des commandes européennes.
L'Europe "devrait regarder vers l'Asie pour une meilleure activité économique", a suggéré le secrétaire d'Etat philippin Albert del Rosario en y voyant "une opportunité pour les deux parties".
Le FMI pronostique une croissance de 6,7% cette année et 7,2% en 2013, soit un léger ralentissement après les 7,1% et 7,5% respectivement espérés au début de l'été.
Sans répondre directement aux critiques, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a pour autant défendu son bilan, estimant avoir "promu un équilibre entre importations et exportations", ce qui témoigne selon lui de ce que Pékin "a joué un rôle crucial dans la reprise économique mondiale".