Des millions d'oeufs ont été contaminés au fipronil, insecticide dont l'usage sur les animaux destinés à la consommation est pourtant interdit. Voici ce que l'on sait de ce scandale qui touche sept pays européens, où les agences sanitaires tentent de rassurer les consommateurs.
- Origine du scandale -
La Belgique est le premier pays de l'UE à notifier le 20 juillet la Commission européenne via le système d'alerte mis en place en cas de risque pour la santé des consommateurs.
Les Pays-Bas suivent le 26 juillet, puis l'Allemagne le 31.
Début août, les autorités nationales commencent à communiquer auprès du public. Le 1er août, l'organisme néerlandais chargé de la sécurité alimentaire et sanitaire NVWA annonce qu'une substance toxique a été détectée dans des centaines de milliers d'oeufs vendus à la consommation et que 180 élevages de volaille ont été bloqués, un nombre "provisoire" dans l'attente d'analyses supplémentaires.
Selon le gouvernement français, les enquêtes menées en Belgique "ont démontré la présence de (fipronil) dans un produit antiparasitaire falsifié, commercialisé sous l'appellation DEGA 16, utilisé dans les élevages de volailles".
Les exploitations touchées affirment que la substance a été introduite lors d'un traitement contre le pou rouge, un parasite très néfaste pour les poules pondeuses, par l'entreprise néerlandaise ChickFriend.
Selon les médias belges et néerlandais, cette société a acheté son désinfectant dans le nord de la Belgique, auprès de la société Poultry-Vision.
- Pays touchés -
La crise s'étend rapidement. Après les Pays-Bas, le ministère allemand de l'Agriculture estime le 3 août qu'au moins trois millions d'oeufs contaminés en provenance des Pays-Bas ont été livrés en Allemagne, et commercialisés pour la plupart.
Dans les jours qui suivent, les Pays-Bays notifient que des oeufs contaminés ont été livrés en Suède et en Suisse. L'Allemagne indique que des lots ont été distribués en France et au Royaume-Uni.
En France, un élevage du Pas-de-Calais avait été mis sous surveillance le 28 juillet.
L'Autorité fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) a précisé que la Belgique avait procédé à des retraits préventifs et discrets dès le mois de juillet, et que les fournisseurs bloqués dans le pays ont tous recourus aux services de ChickFriend.
- Fipronil -
En grande quantité, le fipronil, considéré comme "modérément toxique" pour l'homme par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), est dangereux pour les reins, le foie et la thyroïde.
Son utilisation est interdite sur les animaux destinés à la chaîne alimentaire dans l'Union européenne.
Les poules contaminées le restent pendant six à huit semaines.
Ce traitement parasitaire se retrouve en revanche dans les produits vétérinaires utilisés couramment pour les animaux de compagnie contre les poux, les tiques et les acariens.
- Mesures -
En Allemagne, aux Pays-Bas, et dans une bien moindre mesure en Belgique, les chaînes de supermarchés concernées par des lots contaminés ont vidé leurs rayons de plusieurs millions d'oeufs la semaine dernière.
Il existe aussi des inquiétudes portant sur des produits transformés contenant des oeufs, comme les mayonnaises. En Allemagne, plusieurs salades industrielles ont été rappelées par leurs fabricants.
Les autorités sanitaires nationales imposent aux producteurs de détruire les oeufs contaminés par une entreprise spécialisée, et ont bloqué toutes les ventes des fournisseurs sur lesquels existaient une suspicion de contamination.
Au Pays-Bas, la NWVA exige un plan pour évacuer le fumier "afin de préserver l'environnement". En Belgique, outre les oeufs, les animaux et le fumier sont "bloqués" dans les exploitations encore sous surveillance, selon l'organisation représentant le secteur avicole.
En Belgique, 51 exploitations étaient encore bloquées mardi, et plus de cent aux Pays-Bas.
- Enquêtes en cours -
Une enquête pour "fraude" est menée par le parquet d'Anvers (nord de la Belgique), qui se refuse à tout commentaire pour l'instant.
Une enquête pénale est aussi en cours aux Pays-Bas pour retracer les circuits de commercialisation des lots contaminés.
En Basse-Saxe, une enquête préliminaire contre "les responsables" de plusieurs élevages "dans lesquels les œufs ont été testés positifs au fipronil" a été ouverte pour infraction à la loi sur les denrées alimentaires.