Les syndicats de PSA ont rejeté mardi lors d'un comité central d'entreprise extraordinaire la restructuration envisagée par le constructeur, dont la plupart reconnaissent la nécessité mais en fustigent l'ampleur.
Les organisations syndicales ont été unanimes pour réclamer un reformatage du plan sans précédent depuis la crise de 2008/2009, lorsque PSA Peugeot Citroën avait déjà fait partir 5.700 salariés volontaires.
Le plan présenté mi-juillet prévoit la fin de l'assemblage à Aulnay (3.000 postes directs) en 2014, la suppression d'un poste sur quatre à Rennes, et de 3.600 emplois dans les effectifs hors production, tous sites confondus.
PSA a promis "zéro licenciement". Sans attendre la fin de la période de consultation du CCE -- qui doit s'achever avec l'avis, consultatif, des élus -- des négociations ont débuté dès fin octobre avec les syndicats sur l'accompagnement des salariés concernés par le plan social.
Ces négociations vont se poursuivre, a précisé à l'AFP la direction qui espère un accord au cours du premier trimestre 2013.
Consultés mardi sur le projet de réorganisation, les élus de la CFE-CGC, FO, GSEA et CFTC devaient rendre un avis défavorable, disant attendre "un plan offensif de reconquête".
La CGT estime que sur l'aspect économique "de nombreuses questions ne sont pas encore traitées", et ne rendra donc pas d'avis, la CFDT non plus.
Les syndicats s'appuient sur les conclusions du cabinet d'expertise Secafi désigné à l'unanimité en juillet par les élus du CCE pour ausculter les finances du premier constructeur français et qui a détaillé son rapport.
Les experts reconnaissent que PSA traverse une mauvaise passe et doit réduire la voilure, mais critiquent le manque de clarté stratégique et estiment qu'environ 500 postes pourraient être épargnés à Rennes.
Ils mettent en garde contre des "réductions d'effectifs et coupes budgétaires (qui) entraînent l'entreprise dans une spirale de décroissance (effectif, capacité, plan produit) dont l'issue n'est pas certaine".
La CFTC se dit "très inquiète de l'avenir du groupe" qui adopte une stratégie "relativement floue" et invite la direction à "ne pas baser uniquement son plan sur la réduction des effectifs et la fermeture de site afin d'anticiper une évolution de marché".
Propositions syndicales pour améliorer le plan
"Nous constatons des incertitudes sur les effectifs, les organisations cibles et le fonctionnement de l'entreprise à moyen terme", ont écrit dans un texte commun la CFE-CGC, FO, CFTC et le GSEA qui "ne cautionn(ent) pas l'ampleur" de la restructuration.
Elles proposent notamment la "réaffectation d'activités d'emboutissage aujourd'hui externalisées à Rennes" et des "solutions de portage pour les salariés qui pourraient être réintégrés à l'horizon 2016" avec l'arrivée d'un nouveau véhicule sur l'usine bretonne.
Autre solution avancée: un aménagement du temps de travail pour "permettre à plus de salariés de garder leur emploi (partage du travail sur la base du volontariat)".
La CFDT évoque aussi dans ses propres propositions une réduction du temps de travail à 32 heures, avec maintien des salaires, à Rennes et Poissy (Yvelines).
La CFDT, comme la CGT, appelle les actionnaires à "assumer leur responsabilité" et à "mettre la main à la poche d'une façon aussi prompte qu'ils ont engrangé des dividendes et autres stock-options".
La CGT, dans son plan B qui prévoit le maintien de toutes les usines, insiste sur la sécurisation des transitions professionnelles et revendique "un CDI pour un CDI" (la rupture du contrat PSA n'interviendrait qu'avec la signature d'un CDI chez un nouvel employeur).
Comme la CGT, CFE-CGC, FO, CFTC et GSEA souhaitent voir étendues à l'ensemble du groupe des mesures pour les salariés seniors et la pénibilité.