PARIS (Reuters) - Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a qualifié mardi de "chasse à l'homme" la procédure d'exclusion lancée par Les Républicains contre le Premier ministre, Edouard Philippe, et deux autres membres du gouvernement venus de LR.
Outre Edouard Philippe, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin et le secrétaire d'Etat Sébastien Lecornu, sont également concernés les chefs de file du groupe des Constructifs à l'Assemblée nationale Thierry Solère et Franck Riester.
Le bureau politique du principal parti de droite a prévu de se réunir mardi soir pour trancher leur cas.
"La chasse à l'homme n'est jamais une bonne façon de faire de la politique", a dit Christophe Castaner sur Public Sénat.
Edouard Philippe "a fait un choix politique courageux, il mène une politique ambitieuse (...) et son parti lui oppose de la petite politique politicienne", a poursuivi le secrétaire d'Etat en charge des relations avec le Parlement.
"Il aurait trahi quoi ? Les idées ? Non, ce n'est pas le débat (...) Sur certains sujets, nous menons une politique de droite", a-t-il poursuivi.
Si elle aboutit, la procédure d'exclusion sera surtout symbolique dans la mesure où la plupart des personnes visées ont déjà pris leurs distances avec un parti auquel ils reprochent une dérive vers la droite la plus dure, symbolisée par le favori pour la présidence de LR, Laurent Wauquiez.
Pour Daniel Fasquelle, candidat contre le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, il s'agit simplement d'écarter de la famille politique de LR d'anciens membres qui l'ont combattue lors des législatives de juin.
"On est en octobre, tout cela n'a que trop duré", a dit sur France 2 le député du Pas-de-Calais, qui reproche aux membres du gouvernement issus de LR d'avoir choisi "un bon poste" et fait "du jour au lendemain" campagne contre les candidats LR.
Egalement issu des rangs de LR, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, n'est pas visé par la procédure d'exclusion puisqu'il a rejoint le parti du chef de l'Etat, Emmanuel Macron, La République en marche. Il s'était présenté aux législatives sous l'étiquette du mouvement présidentiel.
"COMMISSION SPÉCIALE"
Gérald Darmanin, toujours adhérent LR, s'est attiré les foudres de sa famille d'origine par sa décision de figurer en position non éligible lors des sénatoriales de septembre sur une liste conduite par un socialiste rallié à Emmanuel Macron.
En juillet, les dirigeants de LR ont décidé de confier le dossier à une "commission spéciale" composée des ex-députés Patrick Ollier, Isabelle Le Callennec et Jean Léonetti.
A l'issue d'une audition par Patrick Ollier, Sébastien Lecornu a contesté la procédure qui le vise.
"J'ai indiqué une fois de plus que je n'avais rien fait de mal, que je ne voyais pas en quoi la politique que je défendais aujourd'hui aux côté d'Emmanuel Macron était contraire à ce que les Républicains disaient encore hier pendant la campagne des présidentielles", a-t-il déclaré à BFM TV.
"Il y a des voies de recours possible. Je me réserve le droit de les actionner le cas échéant", a-t-il ajouté.
Un autre candidat à la présidence de LR, Maël de Calan, proche du maire de Bordeaux, Alain Juppé, a pour sa part demandé au bureau politique du parti d'inscrire à son ordre du jour de ce mardi l'exclusion du président de Sens commun, émanation de la "Manif pour tous" contre le mariage gay.
Dans une récente interview, Christophe Billan s'est notamment prononcé pour un rapprochement avec Marion Maréchal-Le Pen, nièce de la présidente du Front national, Marine Le Pen.
"Chacun conviendra que nous ne pouvons pas nous montrer sévères avec ceux qui font le choix de travailler avec le centre-gauche, tout en faisant preuve de laxisme à l'égard de ceux qui prônent un rapprochement avec l'extrême-droite identitaire", écrit Maël de Calan dans un courrier adressé au secrétaire général de LR, Bernard Accoyer.
(Cyril Camu, édité par Emmanuel Jarry)