Les ministres de l'Economie Christine Lagarde et de l'Industrie Christian Estrosi ont défendu lundi à Bois d'Arcy (Yvelines) la réforme de la Poste, le matin même, en société anonyme à capitaux publics, tandis qu'une conférence de presse d'opposants était organisée devant l'Elysée.
C'est "un jour de célébration", s'est exclamée Mme Lagarde, en inaugurant une plate-forme industrielle de traitement du courrier, soulignant que La Poste est le "service public préféré des Français et l'entreprise préférée des Français après Décathlon".
La Poste reste à "100% un établissement public avec les petites voitures jaunes, avec des hommes et des femmes qui se sentent des salariés du public", a renchéri M. Estrosi.
Une pleine page de publicité, illustrée des différents logos du groupe à travers l'histoire, a été publiée lundi par La Poste dans les quotidiens nationaux et régionaux, pour défendre la réforme.
"Aujourd'hui La Poste change de statut pour se développer sans se renier et écrire avec vous une nouvelle page de son histoire, une histoire durable", est-il écrit sur l'annonce, qui sera déclinée dans les hebdomadaires nationaux et régionaux cette semaine.
La campagne est signée "La Poste, société anonyme au capital d'un milliard d'euros".
Jusque-là établissement public industriel et commercial (Epic), la Poste française est devenue lundi une société anonyme à capitaux publics, l'une des dernières à franchir ce cap en Europe.
C'est l'épilogue de dix-huit mois de débat politique et de contestation sociale, sur fond de craintes par l'opposition et les syndicats que ce changement de statut ouvre la voie à une privatisation.
Le point d'orgue de ces débats a été l'organisation en octobre d'une "votation citoyenne", sans valeur juridique, dans 10.000 "bureaux de vote" improvisés (mairies, marchés, gares...), où 2,3 millions de personnes ont répondu non à la question: "Le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser: êtes-vous d'accord?".
Organisateur de cette consultation, le Comité national contre la privatisation de La Poste (CNPP), qui regroupe syndicats, partis de gauche et associations organisait en fin de matinée un point presse devant l'Elysée.
Sept représentants du comité devaient être reçus pour remettre les procès-verbaux de la votation, apportés par camionnette, a constaté un journaliste de l'AFP.
La loi stipule que "cette transformation ne peut avoir pour conséquence de remettre en cause le caractère de service public national de La Poste" et que l'Etat gardera une part majoritaire.
Mais La Poste doit s'adapter à internet et à l'ouverture totale à la concurrence du secteur postal en Europe, prévue le 1er janvier 2011.
Son nouveau statut lui ouvre la voie à une augmentation de capital: dans les prochains mois, La Poste va recevoir 1,2 milliard d'euros de l'Etat et 1,5 milliard de la Caisse des Dépôts et Consignations.