Les mines d'or sud-africaines, autrefois première source de richesse du pays et secteur toujours crucial de l'économie, étaient paralysées mercredi par une grève pour les salaires, au lendemain de l'échec de négociations entre patronat et syndicats.
"La grève continue, nous n'avons pas été invités à de nouvelles négociations pour discuter de nos revendications", a déclaré mercredi matin à l'AFP Lesiba Seshoka, porte-parole du NUM, le syndicat historique des mines, qui affirme fédérer presque les deux-tiers des 140.000 employés du secteur aurifère.
Le NUM réclame 60% d'augmentation, quand la chambre des mines, qui négocie au nom des sociétés minières, propose 6,5%, soit environ un demi-point au dessus du taux d'inflation.
M. Seshoka a démenti des informations de presse affirmant que le NUM avait revu à la baisse ses exigences. "Le NUM n'est pas descendu à 10%, ce n'est pas vrai, notre revendication de départ reste inchangée, mais nous sommes ouverts aux négociations", a-t-il dit à l'AFP.
Selon des médias sud-africains, M. Seshoka aurait cependant dit qu'il était prêt à accepter "une offre à deux chiffres", sans préciser de pourcentage.
"Les ouvriers sont déterminés parce qu'il s'agit cette fois d'une grève légale, contrairement à l'année dernière, lorsqu'ils avaient peur de perdre leur boulot", a affirmé Mbuyiseli Hibana, secrétaire régional du NUM de Carletonville, l'un des principaux secteurs de production à l'ouest de Johannesburg.
Le NUM réclame des salaires de base, hors primes et allocations, de 7.000 rands (516 euros) contre 4.700 (347 euros) actuellement pour les ouvriers de surface et de 8.000 (590 euros), contre 5.000 (369 euros) actuellement, pour les mineurs de fond.
Le patronat a fait une dernière offre à 9.170 rands (677 euros), rejetée par le NUM, qui affirme que ce chiffre inclut l'assurance médicale et l'allocation logement.
A la différence de l'an dernier, cette grève est légale et encadrée. Elle été précédée d'un préavis et de négociations en bonne et due forme. Car le NUM, proche du pouvoir et débordé par sa base lors des grèves sauvages de 2012, entend cette fois restaurer sa crédibilité.
Selon une étude rendue publique par la chambre des mines sur l'impact potentiel d'une grève, le secteur peut perdre jusqu'à 600 millions de rands par jour (44,4 millions d'euros) en chiffre d'affaires, coûts induits et dépenses non rentabilisées.
En 2012, le secteur minier dans son ensemble avait été ébranlé par une vague de grèves sauvages, souvent soutenues par l'AMCU, le syndicat rival du NUM. Des violences avaient fait près de 60 morts en quelques mois, dont les 34 mineurs de platine abattus par la police à Marikana, le 16 août 2012.
Depuis la découverte des premières mines d'or à Johannesburg en 1886, l'Afrique du Sud a été le premier producteur mondial de métal jaune jusqu'en 2007, payant des salaires de misère, mais elle n'est plus qu'à la cinquième place aujourd'hui. Son sous-sol contient 13% des réserves mondiales, dont les filons sont désormais moins accessibles.
Dans les autres secteurs industriels touchés par des grèves en cette période de revendications annuelle, les négociations progressent doucement.
L'un des syndicats des travaux publics, le BCAWU, a accepté mardi une offre patronale d'augmentation de 10% des salaires, mais le NUM, qui affirme représenter 90.000 ouvriers du BTP, campe toujours sur une revendication de 13% pour 2013 et 14% pour 2004.
Les employés des stations services et garages ont repoussé au 9 septembre un préavis de grève, pour laisser le temps aux négociations d'aboutir. Et les ouvriers des usines automobiles sont toujours en grève depuis le 22 août. Les syndicats exigent un plan d'augmentations de 10% par an sur les trois prochaines années.