Des centaines de milliers de fonctionnaires américains ignoraient lundi s'ils devraient rester chez eux à partir de mardi matin, leur sort étant suspendu à un éventuel accord de dernière minute au Congrès pour éviter une paralysie de l'Etat fédéral.
Le président Barack Obama a affirmé qu'il n'était "pas du tout résigné" à une fermeture partielle des agences fédérales. Il a annoncé qu'il parlerait aux responsables du Congrès lundi et mardi, mais répété qu'il ne négocierait pas sous la menace d'une paralysie.
Les effectifs des administrations pourraient être réduits au minimum vital jusqu'à une date indéterminée dès mardi si les parlementaires du Congrès ne votaient pas une loi de finances temporaire d'ici lundi minuit (04H00 GMT), l'heure officielle du début de l'exercice budgétaire 2014.
Une fermeture des services fédéraux serait la faute des républicains, pour 46% des Américains, tandis que 36% estiment que ce serait celle de Barack Obama, révèle un sondage CNN/ORC International publié lundi.
"Il est temps que le Sénat écoute les Américains comme la Chambre a écouté les Américains", a lancé le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner.
Mais le Sénat --à majorité démocrate-- devrait rejeter à 18H00 GMT un projet de loi de finances adopté dans la nuit de samedi à dimanche par la Chambre --contrôlée par les républicains--, renvoyant ainsi les négociations à la case départ à moins de dix heures du début de l'exercice budgétaire 2014.
L'absence apparente de discussions directes entre les deux camps faisait craindre la première fermeture de l'Etat fédéral depuis janvier 1996, culmination de près de trois années de confrontation sur le budget.
Plus de 800.000 employés jugés non essentiels pourraient être mis en congés sans solde, sans garantie de paie rétroactive.
Fermeture de la "Panda Cam"
Les fonctions régaliennes de l'Etat fédéral (justice, sécurité, FBI, guerre en Afghanistan...) seront assurées dans tous les cas, mais à l'équivalent du ministère de l'Environnement, par exemple, environ 15.000 des 16.000 employés seraient renvoyés chez eux. Partout dans le pays, les portes des parcs et musées nationaux n'ouvriraient pas mardi.
Plus anecdotique, la très populaire "Giant Panda Cam" du zoo de Washington cessera de transmettre.
"Je m'étonne que les responsables de la Chambre nous mènent droit vers la fermeture gouvernementale", a dit à l'AFP David Cox, président du plus grand syndicat américain de fonctionnaires, en décrivant une situation "chaotique" pour les fonctionnaires. Des manifestations devaient avoir lieu à Chicago et Boston lundi.
Le syndicaliste rappelle que des coupes budgétaires automatiques ont déjà conduit à six jours de congés sans solde en moyenne depuis le printemps.
La Chambre a adopté un projet de budget de deux mois et demi, qui donnerait jusqu'au 15 décembre pour négocier un budget formel pour le reste de 2014. Mais, sous pression des élus du Tea Party, deux amendements ont été ajoutés au texte: le report d'un an de l'entrée en vigueur d'un volet central de la loi de réforme du système de santé signée Barack Obama (2015 au lieu de 2014), et la suppression d'une taxe sur les appareils médicaux créée par cette loi.
Une provocation, selon les sénateurs démocrates, qui refusent de toucher à l'une des réformes majeures du premier mandat de Barack Obama.
En avril 2011, une confrontation similaire n'avait été résolue qu'une heure avant la date limite par un accord de financement de sept jours. Ce scénario d'urgence était à nouveau évoqué lundi.
Les marchés ont signifié leur inquiétude: à New York, le Dow Jones a ouvert en , et les bourses de Tokyo, Paris, Londres et Francfort ont terminé en baisse.
Quel que soit le contenu d'un éventuel accord in extremis, tout compromis n'assurerait le financement de l'Etat fédéral que pour quelques semaines, durant lesquelles démocrates et républicains devront négocier une loi de finances pour le reste de l'année 2014.