Première en France, une association de consommateurs, l'UFC-Que Choisir, s'est associée avec un fournisseur de gaz, le belge Lampiris, pour proposer une offre "au minimum" 13% moins cher que le tarif réglementé et réveiller un marché "sclérosé" encore largement dominé par GDF Suez.
L'initiative est limitée à 100.000 souscriptions (via le site gazmoinscherensemble.fr) avec un prix garanti pendant un an, a expliqué Alain Bazot, le président de l'association de consommateurs lors d'une conférence de presse.
Dans un marché où près de 81% des particuliers français sont restés fidèles à l'ex-Gaz de France, "la moitié des gens ne savent même pas qu'ils peuvent changer de fournisseur, et le consommateur ne sait pas comment s'y prendre", a-t-il relevé.
Lampiris France, filiale du groupe belge et pour l'heure petit acteur du marché français, est le seul à avoir répondu à l'appel d'offres lancé cet été par l'UFC-Que Choisir pour obtenir des fournisseurs une meilleure offre pour le consommateur, tant en prix qu'en protection juridique.
L'opérateur historique GDF Suez et les cinq autres fournisseurs dits "alternatifs" (EDF, Direct Energie, Eni, Alterna et Antargaz) n'ont pas répondu ou "se sont déballonnés", a expliqué M. Bazot.
L'UFC s'est inspiré d'"enchères inversées" similaires menées l'an passé en Europe (au Royaume-Uni et en Belgique), mais a ajouté "un cahier des charges scrupuleux" sur la protection juridique, qui va au-delà des conditions légales.
Dans l'offre "Gaz moins cher ensemble", les recommandations des autorités compétentes (Médiateur de l'énergie, Commission des Clauses abusives) s'appliquent de fait. Et le fournisseur a la "responsabilité unique", c'est-à-dire qu'il ne peut renvoyer son client vers le distributeur (GrDF, en l'occurrence).
En cas de litige (facture contestée, etc), l'UFC-Que Choisir sera directement impliqué dans l'accompagnement du consommateur.
Mais le gain économique est lui aussi significatif: Lampiris s'est engagé à offrir un prix "au minimum 13%" inférieur au tarif réglementé de GDF Suez d'octobre, niveau garanti pendant un an.
Si l'offre est bien souscrite, l'UFC espère également décrocher "un rabais supplémentaire", dont le montant n'est pas encore connu.
Hors rabais, ce tarif représente une économie pour une consommation moyenne de 17.000 kilowattheures "comprise entre 124 et 132 euros selon la zone tarifaire", selon l'UFC.
En réalité, selon l'association, tous les opérateurs alternatifs (à l'exception d'EDF) proposent déjà des offres moins chères (entre 4 et 9%) que le tarif réglementé de GDF Suez.
Indépendance
Mais par manque d'information, par habitude ou "loyauté", le mouvement vers la concurrence entamé en 2007 s'est avéré très lent pour le gaz, et encore plus dans l'électricité.
"Il s'agit de trouver un nouveau réflexe" concurrentiel dans un marché "sclérosé", a plaidé M. Bazot.
La réglementation permet en effet à tout moment au consommateur de revenir au tarif réglementé si celui-ci redevenait plus favorable, a rappelé Cédric Musso, directeur des relations institutionnelles de l'UFC-Que Choisir.
L'association de consommateurs a tenu a préciser que cette initiative "est dans le respect total de son principe d'indépendance".
Il ne touchera pas d'argent de l'opération et rappelle avoir "mis en concurrence l'ensemble des fournisseurs sans la moindre discrimination". Et il assure bien la promotion de l'offre obtenue, mais pas de Lampiris.
Les inscriptions (non engageantes), lancées mardi, sont ouvertes jusqu'au 25 novembre, l'offre finale devant être dévoilée le 26. La bascule chez Lampiris sera elle étalée entre le 7 décembre et la fin janvier, a expliqué M. Musso.
L'UFC-Que Choisir a indiqué qu'elle n'envisageait pas de transposer une offre similaire dans l'électricité, même s'il attirera l'attention du consommateur sur des offres favorables.
"La situation est complètement différente", selon M. Bazot, du fait qu'EDF est vendeur mais aussi en quasi totalité producteur de l'électricité française.
"Il ne peut pas y avoir de concurrence pérenne sur le long terme entre quelqu'un qui ne produit pas d'électricité, qui est obligé de l'acheter à EDF et puis EDF qui produit l'électricité", selon lui.