L'Irlande est en passe de devenir en décembre le premier pays sous assistance de la zone euro à se passer de l'aide de ses partenaires, après avoir passé avec succès le dernier examen de la troïka.
"L'Irlande a conclu avec succès le douzième examen et examen final du programme (d'aide) par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le FMI", s'est félicité jeudi le ministère des Finances dans un communiqué.
Il s'agit d'une "étape significative dans le redressement de l'Irlande" qui a respecté "tous les objectifs fixés dans le cadre du plan d'aide", a salué Dublin.
"Alors que nous avions été exclus des marchés financiers il y a trois ans, nous avons posé avec succès les fondations pour sortir le 15 décembre du programme de l'UE et du FMI et faire notre retour complet sur les marchés", ont ajouté le ministre des Finances, Michael Noonan, et le ministre des Dépenses publiques et des réformes, Brendan Howlin.
L'Irlande sera ainsi le premier pays de la zone euro sous assistance à s'affranchir de l'aide de ses partenaires. Sa volonté de sortir du plan d'aide mi-décembre, annoncée mi-octobre par le Premier ministre Enda Kenny, doit toutefois encore être examinée par l'Eurogroupe jeudi prochain.
Constamment présentée par les dirigeants européens comme un modèle à suivre pour les autres pays de la zone euro sous assistance (Grèce, Portugal, Chypre), l'Irlande avait entamé en début d'année ses négociations avec la troïka en vue de sortir du plan d'aide.
"C'est un jour significatif. Beaucoup pensaient et certains craignaient qu'il n'arrive jamais. Les efforts du peuple irlandais pour parvenir à ce but ont été sans précédent", ont ajouté MM. Noonan et Howlin.
L'Irlande a adopté sept plans d'austérité consécutifs, dont le dernier a été présenté mi-octobre. Au total, l'effort de consolidation budgétaire du pays s'est élevé à environ 30 milliards d'euros depuis la crise.
"La stabilité des finances publiques a été restaurée, l'économie croît et encore plus important, plus de 3.000 emplois sont créés chaque mois" tandis que de "vastes réformes structurelles ont été introduites", ont encore dit les deux ministres.
Au bord du gouffre après l'implosion de la bulle immobilière et le sauvetage de ses banques qui avaient fait exploser son déficit public à 30%, l'Irlande avait été contrainte fin 2010 d'appeler à la rescousse ses partenaires européens et le FMI.
L'ancien "tigre celtique" avait alors obtenu un plan de sauvetage sur trois ans de 85 milliards d'euros, en échange de la mise en oeuvre d'une austérité draconienne.
Une sortie sans filet ?
La question qui va désormais se poser pour Dublin est celle de l'attribution d'une ligne de crédit de précaution, afin d'éviter toute turbulence sur les marchés au moment de la sortie du plan d'aide.
Une option soutenue par le FMI. "L'Irlande a tout fait pour stabiliser son économie, mais elle reste affaiblie au plan macroéconomique (...) Nous souhaitons un paquet, qui mettrait à disposition de l'argent en cas d'urgence -- même si nous partons du principe que ce cas d'urgence n'arrivera pas", avait déclaré début novembre le numéro 2 du FMI, David Lipton, dans un entretien publié par le quotidien allemand Die Welt.
"Il s'agit d'un arrangement de précaution pour ne pas mettre en danger ce qui a été atteint", avait-il ajouté.
Mais selon des sources européennes citées par l'Irish Times, Dublin, dont les besoins de financement sont couverts jusqu'en 2015, pourrait choisir de sortir du plan d'aide sans filet afin de ne pas retarder son retour sans protection sur les marchés.