Le plus grand salon high-tech, le Cebit de Hanovre (nord), sera inauguré dimanche soir par Angela Merkel et son homologue britannique David Cameron, avec la sécurité informatique en toile de fond après le scandale de la NSA.
A peine deux semaines après la visite de la chancelière allemande à Londres, c'est au tour de M. Cameron de fouler le sol allemand pour cette édition 2014 du Cebit dont le Royaume-Uni est le pays invité. Il viendra "faire la démonstration de la force de l'économie britannique en ce moment", le secteur informatique en constituant une part importante, a souligné un porte-parole de l'ambassade britannique à Berlin.
Mais en pleine crise ukrainienne, l'informatique et la high-tech, domaines pour lesquels, si elle en reconnaît l'importance économique, la chancelière n'a jamais caché son peu de goût, ne monopolisera probablement pas les discussions entre les deux dirigeants, censés s'entretenir également en marge du salon, avant de visiter ensemble quelques stands lundi matin, date de son ouverture officielle.
L'ombre des systèmes d'écoute étendus de la NSA américaine va aussi planer. En 2013, Angela Merkel avait exhibé à l'ouverture du salon son tout nouveau smartphone ultra-sécurisé. Peu après, Edward Snowden révélait que les Etats-Unis avaient écouté un téléphone portable de la chancelière et mis en place un système d'écoute à grande échelle.
Dans ce contexte, "la sécurité est évidemment l'un des sujets clés qui seront discutés au Cebit", a souligné Oliver Frese, patron du salon, organisé par Deutsche Messe.
Aux côtés de grands noms de l'informatique et des télécoms, comme les allemands Deutsche Telekom et SAP ou les américains IBM et HP et des 3.400 exposants prévus, un demi-millier d'entreprises présenteront leurs solutions de sécurité informatique dans un monde où le défi de la gestion d'une quantité de données qui ne cesse d'exploser se pose.
"Ce que nous ont appris les révélations d'Edward Snowden est que la gestion de grandes masses de données est intimement liée à la question de la sécurité", souligne Hartwig von Sass, porte-parole de Deutsche Messe.
- Moins de gadgets -
Le cabinet IDC voit "l'univers numérique" doubler tous les deux ans pour atteindre le niveau difficile à imaginer de 40.000 milliards de gigabits en 2020. Et autant de données sont générées aujourd'hui en dix minutes qu'il n'y en a eu au total jusqu'en 2003, note M. von Sass.
Face à la concurrence des salons de Las Vegas, Barcelone ou Berlin, où téléphones dernier cri, téléviseurs géants et tablettes perfectionnées s'arrachent l'attention, les organisateurs du Cebit ont fait le choix radical de ne plus ouvrir au grand public. La suite logique d'une professionnalisation progressive de l’événement depuis plusieurs années, laissant loin derrière son âge d'or, au début des années 2000, quand le monde d'internet était encore en pleine bulle.
Analyste au cabinet Ovum, Tom Reuner y voit le signe d'un secteur informatique et technologique qui "devient adulte", avec des problématiques complexes.
Les gadgets high-tech les plus loufoques et autres robots ultra-perfectionnés, qui faisaient beaucoup pour attirer le chaland, prendront du coup moins d'importance, même si le robot capable d'exprimer des émotions de l'Université de Zurich ou le système d'écriture virtuelle sans écran ni clavier de l'Institut des technologies de Karlsruhe ne manqueront pas de susciter la curiosité.
Rassemblant un large spectre d'entreprises, du fabricant de logiciels à la société de sécurité informatique, en passant par l'opérateur télécoms ou la société de e-commerce, le Cebit peut encore continuer à s'arroger le titre de plus grand salon high-tech au monde, avec plus de 200.000 visiteurs attendus.
Aux côtés d'Angela Merkel et de David Cameron, c'est au patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, que revient la mission d'ouvrir le salon, qui refermera ses portes le vendredi 14 mars.