Les taux grecs à 10 ans restaient très élevés mardi matin, malgré les promesses d'Athènes de réduire son déficit, et les rendements portugais se tendaient au-dessus de 5%, signe d'une méfiance des marchés à l'égard de ce pays, confronté aussi à un déficit public abyssal.
Vers 11h00 (09H00 GMT), les taux grecs restaient accrochés au niveau des 9,5% et ceux du Portugal s'inscrivaient à plus de 5% tandis que ceux de l'Irlande s'approchaient de ce niveau.
"Maintenant on est même au-delà de l'activation ou non du plan d'aide international (toujours en discussion en Europe) pour la Grèce, car celui-ci ne résoudrait les problèmes que sur le court terme. Désormais les marchés parient sur un accident majeur de crédit de la Grèce", explique René Defossez, stratégiste obligataire chez Natixis.
"Le niveau élevé des taux longs grecs, malgré les promesses d'Athènes pour réduire son déficit et le plan d'aide financier, signifie clairement que le marché anticipe soit un défaut de paiement ou une restructuration de la dette grecque, soit une sortie de la zone euro", a-t-il ajouté.
Le seul moyen, selon lui, de calmer les marchés serait de créer "un système de mutualisation des obligations européennes", sujet qui a déjà été évoqué au sein de l'Europe et qui serait l'unique moyen de montrer un font uni européen.
Le Portugal, pays également dans l'oeil du cyclone par le niveau élevé de ses déficits publics, voyait ses taux longs augmenter dangereusement, illustrant la méfiance des investisseurs. Même situation pour l'Irlande.
Le "spread" (différence de rendement) entre le Bund allemand, considéré comme la référence sur le marché des taux, et celui des obligations portugaises et irlandaise a atteint environ 200 points de base, un niveau considéré comme pivot à partir duquel la spéculation démarre, indique-t-on sur les marchés.
La crise grecque a réellement commencé quand le spread a atteint 200 points de base avec le Bund. Cette différence signifie concrètement que pour compenser la méfiance des investisseurs les Portugais ou les Irlandais doivent offrir des taux d'intérêt de 2 points de pourcentage plus élevés que ceux de l'Allemagne.
Mais s'ils empruntent plus cher, ils augmentent leurs échéances de remboursement et auront d'autant plus de mal à réduire leur déficit. Un cercle vicieux dans lequel la Grèce est d'ores et déjà entraîné.