"Je m’appelle Pierre Kosciusko-Morizet. J’ai trente-trois ans. Je suis chef d’entreprise. Un jour peut-être, je chanterai": le fondateur de PriceMinister, qui raconte dans un livre l'aventure du site à l'occasion de son dizième anniversaire, aime surprendre.
"Je prends des cours de piano et de chant. Un jour, peut-être, j’en ferai mon métier. Ce sera une deuxième étape de ma vie", confie ce trentenaire roux à la barbe d'une semaine, "fan absolu" de Léo Ferré, passionné aussi d'aviation légère et de rugby.
"Pour le moment, c’est PriceMinister. J’ai envie d’emmener l’entreprise à une place de leader européen et de la faire entrer en Bourse", ajoute-t-il.
Mis en ligne en janvier 2001 par une petite bande de passionnés, PriceMinister met en relation en temps réel en 2010 "plus de 23 millions d’internautes par mois autour d’une offre de plus de 150 millions de produits vendus à prix réduits". Le site pense bientôt pouvoir ravir à eBay la première place des sites d’e-commerce en France.
Rien ne destinait a priori "PKM", fils de bonne famille, de lointaine origine polonaise, à se lancer dans l'aventure privée. Son grand-père (Jacques) a été ambassadeur de France aux Etats-Unis. Son père (François), polytechnicien, est depuis quinze ans maire de Sèvres. Sa grande soeur Nathalie (alias "NKM"), elle aussi polytechnicienne, est aujourd’hui secrétaire d'Etat à l’économie numérique.
Mais il s'amuse à rappeler qu'il compte aussi parmi ses aïeuls un cofondateur du PCF, son arrière-grand-père André Morizet...
Pierre Kosciusko-Morizet a pour sa part fait HEC. Avant même d'avoir obtenu son diplôme, il crée une première entreprise, Visualis, disparue neuf mois plus tard : un échec "formateur".
Il se fait alors embaucher en 1999 par une banque américaine, Capital One, à Richmond (Virginie), qu'il n'hésite cependant pas à quitter un an plus tard pour voler de ses propres ailes.
"Je me disais que la bonne place, celle qui devait être vraiment excitante, c’étaient les fondateurs qui l’avaient, ceux qui avaient monté la boîte... C’était devenu une urgence pour moi. Il fallait que je plaque tout, que je reparte de zéro, que je remonte une boîte, même si je mettais ma vie de rêve en péril. Ne pas le faire m’aurait rendu malheureux. J’avais alors 23 ans", résume-t-il.
PKM a l'idée d'importer le concept, alors inconnu en Europe, d'un site d'e-commerce américain, half.com, "sorte de librairie d'occasion virtuelle".
Les débuts de ce qui allait devenir PriceMinister se révèlent d'autant plus difficiles que la bulle Internet vient d'exploser.
"Nous misions énormément sur la généralisation de l’outil Internet, la baisse des coûts des équipements et de la bande passante, le recours aux logiciels libres et l’accès au haut débit", raconte-t-il.
Le logo "PriceMinister, l'achat-vente garanti", et un slogan publicitaire choc, "Devenez radin", allaient beaucoup aider à sa notoriété.
Le site "se contente d’être une plate-forme de mise en relation" et de s'ériger en "tiers de confiance" en cas de litige entre vendeur et acheteur.
Avec le récit de ce parcours du combattant il espère "aider à vouloir entreprendre et avoir foi en l’avenir dans notre monde perturbé". Outre Priceminister, il est aujourd'hui actif dans plusieurs associations d'aides à l'économique numérique.