Le groupe publicitaire Publicis a annoncé jeudi avoir enregistré un léger rebond d'activité au troisième trimestre, insuffisant toutefois pour atteindre son objectif d'une croissance de 4% en 2014 qu'il a du coup abandonné.
Au cours des trois derniers mois, le groupe affiche une hausse de son chiffre d'affaires de 4,4% par rapport à l'an passé, à 1,74 milliard d'euros, indique-t-il dans un communiqué.
La croissance organique sur le trimestre s'inscrit à 1%, contre 0,5% au cours du précédent où Publicis avait souffert en Europe et dans certains marchés émergents.
"Nous avons une croissance organique qui est extrêmement modeste, en légère amélioration par rapport au deuxième trimestre, mais qui ne se situe pas au niveau de nos attentes ou de celles du marché", a résumé le président du directoire Maurice Lévy.
La fusion avortée début mai entre le numéro trois mondial du secteur Publicis et le groupe américain Omnicom, numéro deux, a eu d'importantes conséquences sur les performances du groupe selon lui.
Depuis le début de l'année, le chiffre d'affaires consolidé de Publicis est ressorti à 5,106 milliards d'euros, soit 1,6% de croissance sur un an (et +1,5% en organique).
"Cette année a été plutôt un petit trou d'air par rapport à ce qu'on aurait pu réaliser", a souligné Maurice Lévy, actant la révision à la baisse des perspectives pour 2014, qui devraient se situer dans la continuité des neuf premiers mois.
"Nous sommes à la fin d'un cycle dans lequel notre attention, en particulier la mienne mais aussi celle du management dans son ensemble, a été trop orientée sur le projet que nous avions et n'a pas été suffisamment concentrée sur les actions à prendre sur le court terme et sur la croissance".
"On y a cru beaucoup plus que nos contreparties (sic), d'où la différence de performances entre les deux", a-t-il concédé, Omnicom ayant augmenté ses bénéfices plus que prévu au troisième trimestre.
"Depuis les décisions correctives ont été prises et on est complètement sur le devant de la scène, de manière assez agressive", assure celui qui est président du directoire depuis 1987.
- L'essor du numérique -
Parmi ces décisions figurent les changements de gouvernance intervenus mi-septembre qui ont conduit à prolonger jusqu'au printemps 2017 le mandat de Maurice Lévy, âgé de 72 ans, et à entériner le départ de son dauphin putatif, Jean-Yves Naouri.
"La performance a été inégale sur les marchés émergents" a détaillé M. Lévy au sujet d'un domaine globalement chapeauté quelque soit la marque par Axel Duroux depuis le 1er octobre.
Outre la baisse des investissements des annonceurs dans un contexte de croissance économique mondiale atone, les déboires de l'agence américaine de communication numérique Razorfish, qui a subi le contrecoup des difficultés de deux clients importants que sont Motorola et Blackberry, ont également pesé sur le chiffre d'affaires du troisième trimestre.
"L'impact de la contre-performance de Razorfish représente quand même 200 points de base pour le groupe, ce qui est très important alors on a procédé à une réorganisation", a-t-il déclaré.
Une nouvelle offre en cours de construction va regrouper sous la marque Razorfish Global des actifs tels que Nurun, Rosetta et Razorfish, le tout sous le leadership de Tom Adamski.
"Malgré l'impact négatif causé par Razorfish, l'ensemble de nos opérations dans le digital a délivré une croissance supérieure à 9%, et on peut dire que notre stratégie marche bien", a indiqué le patron de Publicis.
L'essor du numérique qui a représenté ce trimestre 41,6% de l'activité du groupe contre 37,6% en 2013, ne compense cependant pas la forte baisse des autres activités, dites analogiques.
M. Lévy a néanmoins souhaité se montrer confiant pour l'avenir de son groupe, insistant en particulier sur le fait qu'il ne présente quasiment pas de dette.
"Le digital va modifier la publicité de nos clients mais aussi leur business model et c'est là que Publicis se tient prêt pour les servir bien mieux que n'importe lequel de nos concurrents", a-t-il affirmé.
Le plan stratégique du groupe jusqu'en 2018 doit être présenté au cours d'un rendez-vous très attendu par les analystes, qui devrait avoir lieu début novembre.