par Marine Pennetier
PARIS (Reuters) - La France ne pouvait pas agir plus vite face à l'épidémie d'Ebola compte tenu des contraintes logistiques en Guinée, déclare la secrétaire d'Etat au Développement Annick Girardin, face aux critiques émises sur la lenteur et l'insuffisance de la mobilisation internationale.
"La France ne peut pas aller plus vite que ce qu'elle fait actuellement", dit-elle dans une interview à Reuters. "Nous sommes mobilisés depuis juillet sans interruption sur Ebola et le plan que nous avons lancé et mis en place répond aux besoins" exprimés par les autorités guinéennes et les humanitaires.
Face au virus qui a fait depuis mars plus de 4.900 morts en Afrique de l'Ouest, notamment en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, la communauté internationale a tardé à apporter une réponse coordonnée à une épidémie qualifiée par l'Onu "de menace pour la paix et la sécurité internationales".
La mobilisation internationale s'est finalement concrétisée en septembre avec l'annonce de nouvelles contributions et une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'Onu qui a appelé ses Etats membres à fournir une aide d'urgence.
Si des progrès ont été enregistrés, l'aide continue d'arriver sur le terrain "trop lentement", "en quantité insuffisante" et n'est pas assez efficace, a déploré le président du comité international de la Croix-Rouge International (CICR) Peter Maurer, au Monde.
COMPLEXITÉ
La France ouvrira mi-novembre un premier centre de traitement, à Macenta, en Guinée forestière, qui sera géré par la Croix-Rouge avec le soutien de MSF. Un délai normal "pour ce type de projet complexe", souligne Annick Girardin.
"Pour répondre à la demande, nous sommes allés là où l'épicentre du virus se trouve, c'est un lieu très reculé qui demande en termes d'organisation quelque chose d'assez complexe", indique-t-elle, citant notamment l'allongement de la piste aérienne et la mise en place d'un système d'évacuation des eaux.
"On sait qu'ouvrir un centre, c'est respecter des normes sécuritaires et sanitaires, il est donc hors de question d'aller plus vite que ce qu'il ne le faut, même si on sait qu'il faut aller le plus vite possible", ajoute-t-elle.
"Sans doute serait-il plus facile de créer un centre à Conakry (la capitale, NDLR) mais on a choisi celui qui répondait le plus à la demande qui nous était faite."
Un avis partagé par le président de MSF France, Mego Terzian qui estime qu'il faut tenir compte du temps de formation du personnel et de la mise en place du centre.
"Les conditions d'hygiène et de sécurité sanitaire doivent être respectées, ce n'est pas tout de mettre des tentes et commencer l'hospitalisation", dit-il.
La France a annoncé la semaine dernière son intention de renforcer son aide à la Guinée via un plan d'action global d'un montant de plus de 100 millions d'euros, pour lequel elle espère la participation de ses partenaires.
Le plan prévoit entre autres l'ouverture en Guinée de "200 lits de soins" qui seront répartis au total dans quatre centres, dont celui de Macenta. La localisation des trois autres centres est en train d'être finalisée. Ce dispositif sera complété par deux centres de formation des soignants, en France et en Guinée.
"TRANSPARENCE"
La France, qui a contribué à hauteur de "plusieurs dizaines de millions d'euros" aux différents organismes multilatéraux qui financent la réponse à l'épidémie. Paris apporte également son soutien au renforcement du système de santé de Guinée, à hauteur de dix millions d'euros, et aux laboratoires de sept pays d'Afrique de l'Ouest, souligne-t-on à Paris.
"Aujourd'hui, ce ne sont pas les euros qui manquent, ce qui manque ce sont les médecins et le personnel soignant sur le terrain, ainsi que les équipements" selon une source gouvernementale française qui rejette les critiques sur une prise de conscience tardive.
"Début mars, rien ne disait que ce foyer épidémique allait évoluer hors de contrôle, on a appliqué les réponses classiques, c'est après que la situation s'est dégradée", souligne une autre source, qui reconnaît qu'il s'est "sans doute" passé trop de temps entre le cri d'alerte de MSF fin juin et la mobilisation de la communauté internationale en septembre.
Pour l'ONG Oxfam, qui réclame une opération de transparence sur Ebola, la France doit s'assurer de "dégager des moyens réels et qu'ils soient en cohérence avec les annonces politiques".
par Marine Pennetier
PARIS (Reuters) - La France ne pouvait pas agir plus vite face à l'épidémie d'Ebola compte tenu des contraintes logistiques en Guinée, déclare la secrétaire d'Etat au Développement Annick Girardin, face aux critiques émises sur la lenteur et l'insuffisance de la mobilisation internationale.
"La France ne peut pas aller plus vite que ce qu'elle fait actuellement", dit-elle dans une interview à Reuters. "Nous sommes mobilisés depuis juillet sans interruption sur Ebola et le plan que nous avons lancé et mis en place répond aux besoins" exprimés par les autorités guinéennes et les humanitaires.
Face au virus qui a fait depuis mars plus de 4.900 morts en Afrique de l'Ouest, notamment en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, la communauté internationale a tardé à apporter une réponse coordonnée à une épidémie qualifiée par l'Onu "de menace pour la paix et la sécurité internationales".
La mobilisation internationale s'est finalement concrétisée en septembre avec l'annonce de nouvelles contributions et une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'Onu qui a appelé ses Etats membres à fournir une aide d'urgence.
Si des progrès ont été enregistrés, l'aide continue d'arriver sur le terrain "trop lentement", "en quantité insuffisante" et n'est pas assez efficace, a déploré le président du comité international de la Croix-Rouge International (CICR) Peter Maurer, au Monde.
COMPLEXITÉ
La France ouvrira mi-novembre un premier centre de traitement, à Macenta, en Guinée forestière, qui sera géré par la Croix-Rouge avec le soutien de MSF. Un délai normal "pour ce type de projet complexe", souligne Annick Girardin.
"Pour répondre à la demande, nous sommes allés là où l'épicentre du virus se trouve, c'est un lieu très reculé qui demande en termes d'organisation quelque chose d'assez complexe", indique-t-elle, citant notamment l'allongement de la piste aérienne et la mise en place d'un système d'évacuation des eaux.
"On sait qu'ouvrir un centre, c'est respecter des normes sécuritaires et sanitaires, il est donc hors de question d'aller plus vite que ce qu'il ne le faut, même si on sait qu'il faut aller le plus vite possible", ajoute-t-elle.
"Sans doute serait-il plus facile de créer un centre à Conakry (la capitale, NDLR) mais on a choisi celui qui répondait le plus à la demande qui nous était faite."
Un avis partagé par le président de MSF France, Mego Terzian qui estime qu'il faut tenir compte du temps de formation du personnel et de la mise en place du centre.
"Les conditions d'hygiène et de sécurité sanitaire doivent être respectées, ce n'est pas tout de mettre des tentes et commencer l'hospitalisation", dit-il.
La France a annoncé la semaine dernière son intention de renforcer son aide à la Guinée via un plan d'action global d'un montant de plus de 100 millions d'euros, pour lequel elle espère la participation de ses partenaires.
Le plan prévoit entre autres l'ouverture en Guinée de "200 lits de soins" qui seront répartis au total dans quatre centres, dont celui de Macenta. La localisation des trois autres centres est en train d'être finalisée. Ce dispositif sera complété par deux centres de formation des soignants, en France et en Guinée.
"TRANSPARENCE"
La France, qui a contribué à hauteur de "plusieurs dizaines de millions d'euros" aux différents organismes multilatéraux qui financent la réponse à l'épidémie. Paris apporte également son soutien au renforcement du système de santé de Guinée, à hauteur de dix millions d'euros, et aux laboratoires de sept pays d'Afrique de l'Ouest, souligne-t-on à Paris.
"Aujourd'hui, ce ne sont pas les euros qui manquent, ce qui manque ce sont les médecins et le personnel soignant sur le terrain, ainsi que les équipements" selon une source gouvernementale française qui rejette les critiques sur une prise de conscience tardive.
"Début mars, rien ne disait que ce foyer épidémique allait évoluer hors de contrôle, on a appliqué les réponses classiques, c'est après que la situation s'est dégradée", souligne une autre source, qui reconnaît qu'il s'est "sans doute" passé trop de temps entre le cri d'alerte de MSF fin juin et la mobilisation de la communauté internationale en septembre.
Pour l'ONG Oxfam, qui réclame une opération de transparence sur Ebola, la France doit s'assurer de "dégager des moyens réels et qu'ils soient en cohérence avec les annonces politiques".
Outre un enjeu de court terme, il faut "renforcer sur le long terme des systèmes de santé qui vont sortir exsangues de cette épidémie", souligne Christian Reboul d'Oxfam France.
(Edité par Yves Clarisse)