PARIS (Reuters) - La hausse de la consommation d'antibiotiques, observée depuis 2010 en France, s'est confirmée en 2013 et menace le plan qui vise à réduire leur utilisation de 25% d'ici 2016, selon un rapport de l'agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Ce plan 2011-2016 est "assez mal engagé (...) à moins qu'on ait de nouveau un renversement de tendance en 2014-2016", a estimé jeudi Philippe Cavalié, référent économie des produits de santé à l'ANSM, lors d'une conférence de presse à Paris.
Le niveau élevé de la consommation en France, qui reste supérieur à la consommation moyenne en Europe et aux Etats-Unis, est très "préoccupant", selon l'agence qui s'inquiète des risques de la résistance aux antibiotiques.
Si entre 2000 et 2013, la consommation globale d'antibiotiques a diminué de 10,7%, elle a augmenté de 5,9% depuis 2010. En 2013, la consommation d'antibiotiques hors hôpital était supérieure à son niveau de 2003.
"Il y a une attente très forte de la part des patients pour sortir du cabinet de leur médecin avec une prescription d'antibiotiques et les médecins ne savent pas toujours résister à la pression de ces patients", souligne Philippe Cavalié.
"On peut noter aussi que les messages qui ont eu un impact très fort il y a une dizaine d'années se sont un petit peu essoufflés, ont perdu de leur vigueur et qu'il est certainement nécessaire de mettre en place d'autres formes de communication tant auprès des professionnels de santé qu'auprès du grand public", ajoute-t-il.
Cette surconsommation nourrit un problème, la résistance aux antibiotiques, souligne-t-on à l'ANSM. Chaque année, 25.000 patients en Europe meurent des suites d'une impasse thérapeutique faute d'avoir trouvé un antibiotique qui fasse effet.
(Natalie Huet, avec Marine Pennetier, édité par Yves Clarissse)