Déjà ébranlée par le scandale du Libor, Barclays a révélé mercredi faire partie des banques dans le collimateur des autorités pour de possibles manipulations du marché des changes, une nouvelle affaire potentiellement explosive pour le monde de la finance.
"Barclays a reçu des demandes de renseignements de la part de certaines autorités liées à leurs enquêtes" sur de "possibles tentatives de manipulation" du marché des changes, a annoncé la banque britannique, dans le cadre de la publication de ses résultats du troisième trimestre qui ont marqué son retour dans le vert.
La banque a donc commencé à "examiner ses opérations sur le marché des changes sur une période de plusieurs années jusqu'à août 2013 et coopère avec les autorités compétentes dans leurs investigations" qui "semblent impliquer de multiples acteurs sur le marché dans différents pays".
Barclays tient toutefois à préciser qu'il ne lui est "pas possible à ce stade de prévoir l'impact que ces investigations auront" sur le plan financier.
La FCA britannique et la Finma suisse ont annoncé ces dernières semaines avoir lancé des enquêtes en collaboration avec d'autres autorités étrangères sur de possibles manipulations du marché des changes, un nouveau scandale potentiel qui pourrait entacher la finance internationale.
Selon des informations rapportées par le Wall Street Journal, la police fédérale américaine (FBI) a ouvert pour sa part une enquête criminelle.
UBS, Deutsche Bank et Royal Bank of Scotland (RBS) ont confirmé ces derniers jours faire partie des banques visées par les autorités.
Ces enquêtes sur le marché des changes font planer la menace de nouvelles lourdes sanctions pour Barclays qui avait été en juin 2012 la première banque à avoir écopé d'une amende de 290 millions de livres pour la manipulation du taux interbancaire Libor. Une affaire qui a rattrapé depuis les banques UBS, RBS et Rabobank ainsi que le courtier interbancaire Icap.
L'implication de Barclays dans le scandale du Libor, qui avait suscité une vive polémique en Grande-Bretagne, avait entraîné la démission du flamboyant directeur général de la banque de l'époque, Bob Diamond.
Une nouvelle affaire à gérer pour Antony Jenkins
Son successeur, Antony Jenkins, qui s'est fixé pour priorité de restaurer la réputation de la banque, se retrouve donc avec une nouvelle affaire à gérer alors que la banque est, comme les autres poids lourds de la City, également entachée par les ventes abusives d'assurances-crédit PPI ou de produits de couverture contre les variations de taux d'intérêt qui lui ont coûté plusieurs milliards de livres.
Les enquêtes sur le marché des changes "sont inquiétantes et s'ajoutent aux récentes investigations" concernant notamment les produits de couverture sur les taux d'intérêt, a commenté Richard Hunter de Hargreaves Lansdown Stockbrokers.
Mais à la Bourse de Londres, Barclays prenait 2,88% à 273,7 pence vers 11H15 GMT, dans un marché en hausse de 0,42%.
Les investisseurs saluaient en effet les résultats du groupe, qui ont marqué son retour dans le vert au troisième trimestre avec un bénéfice net de 511 millions de livres (597 millions d'euros) contre une perte nette de 183 millions un an plus tôt.
Sur neuf mois, le bénéfice net s'est établi à 1,182 milliard de livres contre une légère perte de 35 millions en 2012.
Ces résultats ont bénéficié d'une réduction de la charge liée à la valeur de la dette du groupe et du montant des provisions destinées à faire face aux compensations de clients lésés par les ventes de PPI. Ils ont en revanche été pénalisés par 741 millions de livres de charges de restructuration.
Se félicitant de ces résultats, M. Jenkins s'est dit "optimiste" pour l'activité de la banque mais a promis de travailler "plus dur au quatrième trimestre et en 2014".