Les autorités égyptiennes ont demandé à plusieurs pays européens de geler les avoirs d'ex-hauts responsables du régime de Hosni Moubarak, mais pas du président déchu lui-même, et la question sera abordée par toute l'UE mardi lors d'une réunion à Bruxelles.
Paris a été saisi par les autorités égyptiennes "d'une requête de gel des avoirs d'anciens responsables égyptiens", a déclaré lundi à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Bernard Valero.
"Nous examinons cette demande et nous coopérerons bien entendu avec les autorités égyptiennes", a ajouté le porte-parole en précisant qu'elle "ne concernait ni l'ancien président Hosni Moubarak ni des membres de sa famille".
A Londres, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a indiqué également avoir "reçu une demande de la part du gouvernement égyptien de geler les avoir de plusieurs anciens responsables égyptiens".
"Nous allons évidemment coopérer" avec les autorités égyptiennes "en travaillant avec l'Union européenne et les partenaires internationaux comme nous l'avons fait dans le cas de la Tunisie", a ajouté M. Hague, en référence avec le gel par l'Union européenne des avoirs de l'ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et de sa famille. "S'il y a la preuve d'un détournement ou d'une utilisation illégale de fonds publics, nous prendrons des mesures fermes et rapides", a encore assuré le chef de la diplomatie britannique.
La même demande de gel des avoirs d'ex-responsables a été faite par le gouvernement égyptien aux Etats-Unis, a indiqué un haut responsable du département d'Etat à Washington qui a également précisé qu'elle ne concernait pas M. Moubarak.
A la demande de la Grande-Bretagne en particulier, les ministres européens des Finances ont décidé de mettre la question d'un gel éventuel des avoirs de sept anciens responsables égyptiens au menu d'une rencontre qu'ils doivent avoir mardi à Bruxelles, a indiqué à l'AFP une source diplomatique.
"Il y a six ou sept Egyptiens sur la liste, mais elle n'inclut définitivement pas Moubarak", a-t-elle dit.
L'UE discutera aussi de l'aide aux pays de la rive sud de la Méditerranée.
"J'ai demandé à ce qu'on évoque ensemble, et je sais que ça le sera demain, la situation dans les pays tels que la Tunisie, l'Egypte en particulier, pour en examiner les aspects financiers et économiques, c'est-à-dire à la fois, les perspectives d'investissement et de soutien, notamment par la Banque européenne d'investissement, par les différentes agences de développement de chacun de nos pays", a souligné la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde.
Il faut "voir comment on peut ensemble soutenir ce mouvement démocratique qui est en train de s'installer dans ces pays", a-t-elle ajouté.
L'Allemagne a aussi annoncé avoir été approchée par l'Egypte avec une requête de gel d'avoirs.
"Une demande d'entraide judiciaire des autorités égyptiennes concernant le gel d'avoirs d'anciens membres du gouvernement et du parlement égyptiens nous est parvenue", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères. "Nous examinons actuellement cette demande", a-t-il ajouté.
Aucune des trois capitales n'a détaillé dans l'immédiat le montant des avoirs concernés ni les personnalités visées.
Le nom de Hosni Moubarak, qui a quitté la présidence de l'Egypte vendredi après 30 ans au pouvoir n'a pas été évoqué non plus à Londres et Berlin. Selon la presse britannique, M. Moubarak posséderait des millions d'euros d'avoirs en Grande-Bretagne. La Suisse a, elle, décidé dès vendredi de geler "avec effet immédiat" les avoirs que pourraient y détenir M. Moubarak et son entourage.