L'inflation a de nouveau ralenti au mois de novembre au Royaume-Uni, passant à +4,8% sur un an, ce qui donne des arguments supplémentaires aux tenants d'une nouvelle injection de fonds par la Banque d'Angleterre pour relancer l'économie.
Selon l'Office des statistiques nationales (ONS), les prix ont augmenté de 0,2% en un mois et de 4,8% en un an. Le taux d'inflation passe ainsi sous le seuil symbolique des 5% pour la première fois depuis plusieurs mois.
L'indice des prix de détail (Retail Price Index, RPI), un indicateur élargi qui prend en compte les loyers et remboursements de crédits immobiliers, a lui aussi ralenti sa hausse, passant de 5,4% à 5,2% sur un an.
La sagesse des prix des transports et des loisirs en novembre a contribué à contenir l'inflation, alors qu'à l'inverse ceux de l'alimentation augmentaient plus que la moyenne.
Même s'il était attendu, ce ralentissement pourrait apporter une bouffée d'oxygène à l'économie britannique, au moment où les experts font état d'un risque accru d'un retour dans la récession si la crise dans la zone euro se prolonge.
Il relâche surtout la pression sur la Banque d'Angleterre (BoE), prise entre plusieurs objectifs contradictoires: elle doit contenir l'inflation sous le seuil de 2%, tout en étant sollicitée pour soutenir la croissance grâce à l'injection massive de nouvelles liquidités.
Les chiffres de novembre "renforcent le sentiment que le pic de l'inflation est passé", comme le soutient la BoE, ont estimé les économistes de la banque RBS.
S'il s'accélère comme prévu en 2012, le ralentissement de l'inflation "laissera une large marge de manoeuvre à la Banque d'Angleterre pour mener une politique active de soutien à l'économie si les conditions l'exigent", a estimé James Knightley de ING.
La BoE avait repris en octobre son programme de rachats d'actifs -dit d'"assouplissement quantitatif"- datant de mars 2009 pour injecter 75 milliards de livres supplémentaires (87 milliards d'euros) dans le circuit économique.
Selon les experts, qui s'attendent à une nouvelle injection dès le mois de février, le ralentissement de l'inflation facilite la tâche de l'institution et pourrait même lui permettre d'en faire encore plus.
Cette politique a notamment permis à la BoE d'acheter en masse des obligations d'Etat et de maintenir ainsi leurs taux à des niveaux bien plus bas que ceux de la plupart des pays de la zone euro.
Ainsi, en dépit de performances économiques médiocres (déficit public élevé, croissance en berne et chômage en hausse), le Royaume-Uni peut financer sa dette publique dans des conditions avantageuses.
Mardi matin, le taux de ses obligations à 10 ans se situait à 2,09%, au même niveau que l'Allemagne (2,04%) et nettement inférieur à celui de la France (3,28%).
L'autonomie de la Banque d'Angleterre est l'un des principaux arguments avancés par les dirigeants britanniques pour expliquer leur volonté de se tenir à tout prix hors de la zone euro, dont la politique monétaire est dictée par la Banque centrale européenne.