La ministre française des Finances Christine Lagarde, présentée comme la favorite pour la succession de son compatriote Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI, a officiellement annoncé sa candidature mercredi assurant vouloir recueillir un "large consensus".
"J'ai décidé de présenter ma candidature à la direction générale du Fonds monétaire international", a-t-elle affirmé lors d'une conférence de presse à Paris, à la veille de l'ouverture du sommet du G8 à Deauville.
"Cette décision, je l'ai prise après mûre réflexion et en accord avec le président de la République et le Premier ministre, qui me soutiennent totalement dans cette démarche", a ajouté l'ancienne avocate d'affaires, assurant vouloir "recueillir le plus large consensus".
Pour autant, Christine Lagarde, 55 ans, n'a pas voulu apparaître comme la candidate d'un camp, afin de ne pas braquer les pays émergents qui voient d'un mauvais oeil la nomination éventuelle d'un Européen à la tête de la puissante institution financière internationale.
"Je ne suis ni la candidate de l'Eurogroupe, ni la candidate européenne, ni même la candidate française", a-t-elle insisté, précisant disposer de soutiens "bien au-delà de l'Europe".
Elle a toutefois été immédiatement adoubée par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui a déclaré soutenir "pleinement" sa candidature au nom de ses "qualités (...) indispensables".
Depuis sa création au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le FMI a toujours été dirigé par un Européen, selon une règle tacite qui voit parallèlement les Etats-Unis présider la Banque mondiale.
Mais cette fois, une semaine après la démission de Dominique Strauss-Kahn, accusé à New York de tentative de viol et agression sexuelle, les pays émergents, qui font valoir leur poids devenu majeur dans l'économie mondiale, se sont élevés contre cette tradition.
Le groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a publié mardi une déclaration commune pour réclamer que cette règle soit brisée.
"Etre européen n'est pas un handicap, pas un atout, être française n'est pas un handicap, pas un atout", a insisté Christine Lagarde.
La Française, qui devrait demeurer ministre jusqu'à la nomination du futur patron du FMI attendue d'ici fin juin, a également exclu de renoncer à sa candidature si la justice française ouvrait une enquête sur sa gestion controversée du dossier lié à l'homme d'affaires Bernard Tapie.
"Si l'enquête devait aller plus loin, je maintiendrais ma candidature (...) J'ai toujours agi dans l'intérêt de l'Etat et dans le respect absolu de la loi", a-t-elle martelé.
La justice pourrait se prononcer le 10 juin, jour de la clôture des candidatures au FMI, sur l'éventuelle ouverture d'une enquête pour "abus d'autorité" visant la décision de la ministre de recourir à un tribunal arbritral pour clore ce dossier qui s'était soldé par un chèque de 385 millions d'euros versé par l'Etat à Bernard Tapie.
Désormais en campagne, Christine Lagarde va entamer un tour du monde pour défendre sa candidature en vantant le bilan des premiers mois de présidence française du G20. Elle entend aussi faire valoir sa "connaissance intime" des institutions européennes au moment où la zone euro traverse une crise sans précédent dans laquelle le FMI joue un rôle central.
Relevant que les trois derniers patrons du FMI n'avaient pas achevé leur mandat de cinq ans, elle s'est, elle, engagée à aller jusqu'au bout.
Sans attendre sa candidature officielle, plusieurs grands pays européens, dont l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie, lui avaient apporté leur soutien. Mais les Etats-Unis, dont le feu vert est crucial, et le Japon n'ont pas encore exprimé de préférence.
Sur son chemin, Christine Lagarde, très appréciée de ses pairs et qui parle un anglais parfait pour avoir longtemps travaillé à Chicago, devrait trouver plusieurs concurrents, parmi lesquels le Kazakh Grigori Martchenko, soutenu par la Russie, et le Mexicain Agustin Carstens.