par Gilles Guillaume et Nicholas Vinocur
PARIS (Reuters) - PSA Peugeot Citroën se prépare à supprimer l'an prochain 3.450 postes en France, notamment via une dispense d'activité pour ses salariés les plus âgés, afin de continuer à gagner en compétitivité, a-t-on appris de trois sources proches du dossier.
Le projet, qui représenterait environ 6% des effectifs actuels du groupe dans l'automobile en France, sera discuté lundi prochain avec les représentants syndicaux du groupe. Selon les sources, jusqu'à 1.500 personnes pourraient bénéficier d'un aménagement de fin de carrière l'an prochain, après 2.100 congés senior - deux fois plus que prévu - en 2014.
D'après deux des sources, la version 2015 du Dispositif d'adéquation des emplois et des compétences (DAEC) conclu en juin prévoirait également 550 départs dans le cadre d'une "mobilité externe sécurisée" et 1.400 reclassements internes.
Un porte-parole de PSA a confirmé la tenue lundi après-midi d'un comité central d'entreprise sur "le projet d'application pour 2015 des mesures emploi et compétence conclues avec l'ensemble des organisations syndicales en juin 2014, à la suite du Nouveau Contrat social", sans plus de précision sur les points qui seront abordés ce jour-là.
Grâce au congé senior, un salarié peut essayer un autre travail hors de l'entreprise pendant la période qui le sépare de l'âge de la retraite, avec pour garantie de rester inscrit à l'effectif de PSA. Pour la société, la mesure est économique car elle ne verse que 70% du salaire.
En échange des aménagements de fin de carrière, PSA a promis d'embaucher environ 2.000 jeunes en alternance l'an prochain, après 1.300 cette année.
"C'est un engagement fort en faveur des jeunes alors que l'entreprise poursuit ses efforts de redressement", a déclaré à Reuters un porte-parole de PSA, citant le directeur des ressources humaines du groupe Philippe Dorge.
Xavier Lelasseux, représentant CFDT chez PSA, craint toutefois qu'entre le départ de salariés en CDI et l'arrivée de jeunes en alternance, le compte n'y soit pas. D'autant que lors du dernier observatoire des métiers du groupe, 29% des postes ont été répertoriés en métier sensible, c'est-à-dire "dont les perspectives d'évolution vont entraîner une baisse probable des effectifs", contre près d'un quart dans l'observatoire précédent.
"Si l'on soustrait les 14% de métiers en tension, où tous les postes ne sont pas pourvus, cela veut dire que le groupe constate encore aujourd'hui un sureffectif structurel de 15%, soit environ près de 9.000 personnes pour lesquelles je suis inquiet", dit-il.
Dans le cadre de son plan stratégique "Back in the race", PSA veut ramener d'ici la fin 2016 ses coûts salariaux totaux à moins de 12,5% de son chiffre d'affaires. La France, qui représentait fin 2013 plus de 40% des effectifs mondiaux du groupe, vient en première ligne dans cette quête de productivité.
L'année 2012 a été marquée par un vaste plan social à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où PSA a fermé son usine, ainsi qu'à Rennes, et par un plan de départs volontaires à travers tout le groupe. En 2013 et 2014, le constructeur a continué de réduire ses effectifs, ramenés le mois dernier autour de 60.000 personnes pour le coeur de l'activité automobile en France.
(Edité par Dominique Rodriguez)