Icône déchue d'un Brésil conquérant dont il fut l'homme le plus riche, il rêvait de devenir le numéro Un mondial. Mais le magnat Eike Batista a sombré, incapable de maintenir à flot sa compagnie pétrolière OGX menacée de faillite.
En cessation partiel de paiement, ployant sous une dette de 3,6 milliards de dollars, son fleuron OGX, fondé en 2007, a demandé mercredi son placement en redressement judiciaire.
Passionné de vitesse et de hors-bord, Eike Batista, qui aura 57 ans le 3 novembre, symbolisait l'engouement mondial pour le Brésil en pleine croissance lors de la dernière décennie, en ayant attiré les investisseurs étrangers pour son projet pétrolier.
Ses entreprises ont prospéré rapidement sur les marchés financiers grâce aux seules promesses de production de pétrole. Elles ne se sont pas concrétisées et les investisseurs ont battu en retraite.
"OGX s'est bien vendue sans avoir un seul baril de pétrole", a déclaré récemment à l'AFP l'analyste Marcelo Pereira du cabinet de consultants TAG Investimentos à Sao Paulo.
"J'y ai cru!"
"J'y ai cru! Quand on vit dans un pays où il y a des découvertes de réserves de pétrole gigantesques pourquoi n'aurais-je pas pu être béni avec l'une d'elles ?", a lancé M. Batista dans une interview en septembre au quotidien Wall Street Journal.
Il y a un peu plus d'un an Eike Batista était encore l'homme le plus riche du Brésil et figurait au septième rang mondial des milliardaires.
Sa fortune, estimée à 30 milliards de dollars, a fondu aujourd'hui à 900 millions, selon les calculs du magazine américain Forbes en septembre.
Une bonne partie de son patrimoine étant constitué d'actions en Bourse, sa fortune peut continuer à fondre, prévoyait Forbes, à qui M. Batista avait confié il y a quelques années souhaiter "devenir l'homme le plus riche du monde".
Mais début octobre le rêve du magnat brésilien a viré au cauchemar. OGX, joyau de son groupe EBX, a annoncé être "dans l'incapacité de payer 45 millions de dollars" d'intérêts à ses créanciers.
Excentrique et superstitieux, ce capitaine d'industrie, fils d'un ancien ministre des Mines et de l'Energie et d'une Allemande, avait publié un livre de 10 recettes pour devenir millionnaire.
Philanthrope à ses heures, l'ex-milliardaire a également aidé à financer des projets culturels, sportifs et environnementaux au Brésil. Omniprésent à Rio de Janeiro, il a voulu financer partiellement, avant d'y renoncer cette année, la dépollution de la lagune où se disputeront les compétitions d'aviron et de canoé des Jeux Olympiques en 2016, et la création d'Unités de police pacificatrices dans les favelas jadis sous contrôle des trafiquants de drogue.
Il est également à la tête du consortium qui a remportées dans des conditions décriées, la concession du mythique stade Maracana de Rio qui accueillera notamment la finale du Mondial-2014 de football.
Selon M. Batista sa chute est due aux "astres" qui lui ont été défavorables et à un groupe de cadres du pétrole travaillant pour lui et qui ont "trompé" sa confiance.
Incarnation de la success-story brésilienne, jadis marié à une playmate et reine du carnaval de Rio dont il a eu deux fils, le flamboyant milliardaire apparaissait régulièrement dans les magazines internationaux. En 2010, il s'était fait implanter des cheveux pour combattre sa calvitie naissante.
Grand amateur de vitesse, il a été plusieurs fois champion de courses internationales de bateaux hors-bord et une Mercedes-Benz SLR McLaren trône au milieu de sa salle à manger.
En juin, son fils aîné Thor, 21 ans, a été condamné à verser un demi million de dollars à la famille d'un cycliste qu'il a renversé et tué en 2012 avec sa puissante Mercedes-Benz SLR McLaren, et à des travaux sociaux.
Son fils cadet, Olin, est DJ et anime des fêtes dans le monde entier.