Avec le feu vert de Bruxelles accordé lundi, la voie est presque libre pour le rachat du groupe transatlantique NYSE Euronext par l'opérateur boursier américain Intercontinental Exchange (ICE) qui pourrait se conclure d'ici la fin de l'année.
L'opération, qui va donner naissance à un poids lourd mondial des marchés financiers, a été validée par les actionnaires des deux groupes lors d'assemblées générales en juin.
Pour être définitivement sur les rails, elle doit encore recueillir l'approbation des régulateurs nationaux des places opérées par NYSE Euronext à savoir Paris, Bruxelles, Lisbonne et Amsterdam, ainsi que de la SEC, le régulateur américain des marchés.
Le Collège des régulateurs, dont l'Autorité des marchés financiers fait partie, et les ministres des Finances des pays concernés doivent également se prononcer, selon un calendrier qui n'a pas été précisé par NYSE Euronext.
Premier obstacle de poids à être levé, "l'enquête de la Commission a confirmé que l'opération proposée ne poserait pas de problème de concurrence", explique dans un communiqué l'exécutif européen, gardien de la concurrence en Europe.
"Nous saluons la décision de la Commission européenne", a réagi dans un communiqué le PDG de NYSE Euronext, Duncan Niederauer.
La fusion se soldera par la cession de la partie européenne Euronext, qui devrait être introduit en Bourse, selon des modalités encore à définir.
Marchés de produits différents
La Commission explique avoir notamment examiné les effets sur la concurrence de cette acquisition en matière de produits dérivés, en particulier ceux basés sur certains produits agricoles comme le colza, ou d'autres matières premières agricoles comme le cacao, le café et le sucre.
Bruxelles a aussi étudié les effets du rapprochement ICE-NYSE sur les produits dérivés portant sur les indices boursiers des Etats-Unis.
"Il résulte de l'enquête de la Commission que l'opération envisagée ne poserait de problème de concurrence dans aucun de ces secteurs", car les deux opérateurs offrent des contrats qui relèvent de marchés de produits différents, si bien que leurs activités ne se recouvrent pas", explique le communiqué.
Les produits dérivés avaient notamment été à l'origine de l'échec du projet de fusion de NYSE Euronext avec l'Allemand Deutsche Boerse, retoqué début 2012 par la Commission européenne pour des raisons de concurrence.
A travers ce rachat, ICE mettra la main sur le Liffe, la filiale de dérivés de NYSE Euronext basée à Londres, une des pépites du groupe boursier.
En décembre 2012, ICE, spécialisé dans les matières premières et les produits financiers liés aux changes ou aux taux d'intérêt, a offert 8,2 milliards de dollars pour racheter NYSE Euronext.
ICE avait déjà fait une tentative de rachat, en compagnie du Nasdaq, de NYSE Euronext en 2011, une opération qui avait échoué sous la pression du département de la justice américain.
L'opération en cours, si elle réussit, mettra un terme à environ 200 ans d'indépendance de la Bourse de New York, qui a été créée à la fin du 18e siècle et porte le nom de NYSE depuis 1863.
Les opérateurs boursiers doivent s'adapter à un nouveau contexte depuis plusieurs années, marqué par l'émergence de plates-formes alternatives, l'érosion des volumes d'échanges, l'arrivée du trading à haute fréquence et de nouvelles réglementations issues des dernières crises.