La croissance au Canada pourrait passer dans le rouge au deuxième trimestre, entraînée par un ralentissement chez le voisin américain, mais reprendra ensuite son envol grâce aux investissements privés et à la demande dans les pays émergents, ont affirmé vendredi des responsables.
"Les forts vents contraires extérieurs auxquels la Banque fait référence depuis longtemps soufflent maintenant plus fort. Pour les producteurs canadiens, la vigueur persistante du dollar canadien accentue la faiblesse de la demande américaine", a déclaré le patron de la banque centrale canadienne Mark Carney, devant un comité parlementaire à Ottawa.
"En grande partie sous l’effet de ces facteurs externes, les données canadiennes récentes laissent présager une croissance minimale ou légèrement négative au deuxième trimestre", a-t-il ajouté dans sa première déclaration publique depuis l'annonce du taux zéro pour deux ans de la banque centrale américaine (Fed).
Le Canada a enregistré sept trimestres consécutifs de croissance et les données sur le PIB pour le deuxième trimestre doivent être dévoilées le 31 août.
"Le Canada a enregistré une croissance plus forte que prévue au premier trimestre, mais celle-ci devrait être contrebalancée par un deuxième trimestre moins bon que prévu, comme nous l'avons vu dans les autres pays du G7", a reconnu le ministre des Finances Jim Flaherty devant le même comité, plus optimiste que le patron de la banque centrale.
"La reprise économique mondiale, en particulier aux Etats-Unis et en Europe, est très fragile et la croissance, modeste", a souligné M. Flaherty, qui a vanté la bonne santé des finances publiques qui présentent le meilleur ratio dette/PIB parmi les grandes économies occidentales.
Après un PIB atone ou dans le rouge au deuxième trimestre, l'économie canadienne devrait se tonifier. "La Banque prévoit toujours que la croissance s’accélérera au deuxième semestre, à la faveur des investissements des entreprises et des dépenses des ménages", a estimé M. Carney.
"Le dynamisme continu des principales économies émergentes devrait également contribuer à maintenir les prix des produits de base à des niveaux relativement élevés", a-t-il souligné.
L'économie canadienne repose en bonne partie sur les exportations de matières premières - pétrole, nickel, potasse, bois etc... - d'où l'importance du maintien de la demande pour ses produits à l'étranger en cas de récession aux Etats-Unis.
"Le Canada agira de façon pragmatique si l'économie mondiale se détériore rapidement", mais ne planifie pas de doper les dépenses publiques pour stimuler la croissance, a expliqué M. Flaherty. Au contraire, Ottawa prévoit des coupures dans les dépenses publiques afin d'effacer son déficit en 2014-2015.
L'institut national de la statistique a annoncé vendredi un taux d'inflation de 2,7% sur un an en juillet, en recul de 0,4 point par rapport à l'indice des prix à la consommation mesuré en juin.
En excluant l'essence et les autres éléments volatils, l'indice de référence, qui sert à établir la politique monétaire de la banque centrale, a grimpé de 0,3 point pour atteindre 1,6% sur un an en juillet.
La Banque du Canada a maintenu en juillet son taux directeur à 1%, tout en avertissant qu'elle pourrait l'augmenter au cours des prochains mois.
Mais le gel des taux aux Etats-Unis, les craintes d'une récession au sud de la frontière, le maintien de l'inflation dans la fourchette prévue et un PIB morose au deuxième trimestre, pourraient forcer la banque du Canada à maintenir son taux.
"La pause pourrait être longue, très longue", mais pas aussi longue qu'aux Etats-Unis, estime Michael Gregory de la Banque de Montréal (BMO). Après cette pause, les taux devraient augmenter au Canada, a-t-il ajouté dans une note aux marchés.