La réunion mercredi à Clermont-Ferrand du comité d'entreprise de Michelin a tourné au "dialogue de sourds" entre la direction et les salariés qui contestent fortement le bien-fondé du plan de restructuration du groupe annoncé le 17 juin dernier.
L'information sur le plan, comprenant notamment 1.093 suppressions de postes, est "mal passée" et les explications de la direction n'ont pas convaincu le CCE, qui a désigné un expert et demandé le report du début des négociations, a-t-on appris auprès de syndicalistes.
Certains d'entre eux ont évoqué un "véritable dialogue de sourds" et des incidents ont éclaté après qu'une délégation des salariés du site de Montceau-les-Mines (Saône-et-loire), site le plus touché par le plan avec 477 suppressions de postes, eut été reçue par la direction de Michelin.
"La direction ne veut rien entendre et répond non à toutes nos demandes, elle veut nous envoyer dans le mur", a déclaré Serge Allègre, responsable CGT à Michelin-Montceau, où sept syndicalistes sont assignés vendredi par la direction devant le TGI de Chalon-sur-Saône, pour "violences" et "entrave à la libre circulation" pendant la grève de la semaine dernière.
Ses paroles ont été accueillies par des huées et des jets de projectiles à l'adresse de la quinzaine de vigiles présents devant l'entrée du siège du manufacturier clermontois.
Près d'un millier de salariés, dont la moitié venus de Montceau-les-Mines, étaient venus manifester dans la capitale auvergnate.
"Devant le manque de justification économique du plan social et l'absence d'informations, le CCE a désigné un cabinet d'experts, Sécafi, pour éclairer les salariés", a déclaré à l'AFP Silvio Ciufici, élu CGT.
Selon Cyrille Poughon (CFDT), dès le premier point de l'ordre du jour abordé, celui de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), "des divergences importantes avec la direction" sont apparues.
"En observant les chiffres des documents officiels, nous nous apercevons de l'ampleur du plan social, car il ne s'agit pas seulement de 1.093 suppressions de postes, mais plutôt de près de 3.500 à fin 2011", a fustigé M. Poughon.
Des statistiques en partie reprises par Zakir Ali Mandjee (Sud), qui a affirmé qu'au "31 mai 2009, l'effectif de Michelin France était de 22.156 salariés et qu'il devra être ramené à 19.185 fin 2011".
Pour Emmanuel Pasquier (CFE-CGC), "la direction veut aller vite en proposant le début des négociations dès ce lundi" 29 juin. "Elle confond vitesse et précipitation, alors qu'il est important d'avoir un vrai débat sur les raisons économiques de ce plan", a-t-il souligné.
De son côté, la direction a réaffirmé sa volonté de terminer le processus de restructuration "mi-2010".
"Il n'y a pas de licenciements prévus, mais des mesures d'âge et de mobilité interne proposées aux salariés et des projets de spécialisation de nos sites pour en faire des pôles d'excellence et ainsi améliorer notre compétitivité", a déclaré à l'AFP Philippe Verneuil, directeur général de Michelin Europe.
Le groupe a aussi prévu d'investir "plus de 100 millions d'euros" dans son centre mondial de recherches et développement, situé à Clermont-Ferrand où travaillent 11.800 personnes (sur un total de 25.000 en France), a rappelé M. Verneuil.
Michelin a annoncé le 17 juin la suppression de 1.093 postes dès 2010 et la fermeture d'une usine près de Lille.