Les récentes inquiétudes sur le ralentissement de l'économie chinoise se sont atténuées vendredi, avec l'annonce d'une production industrielle plus forte qu'attendu en juillet, accompagnant une stabilisation de l'inflation et un net rebond des échanges commerciaux.
La production industrielle en Chine, baromètre crucial pour évaluer la deuxième économie mondiale, a enregistré le mois dernier une hausse de 9,7% sur un an, la plus forte depuis cinq mois, contre 8,9% en juin, a annoncé vendredi le Bureau national des statistiques (BNS).
Par ailleurs, la hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation en Chine, s'est stabilisée à 2,7% sur un an en juillet, au même niveau que le mois précédent. Les investissements directs étrangers ont eux gonflé de 20,1% sur les sept premiers mois de l'année, a ajouté le BNS.
Les douanes chinoises avaient fait part jeudi de chiffres robustes sur le commerce extérieur, avec une augmentation de 5,1% sur un an des exportations en juillet (deux fois plus qu'attendu) et un bond de près de 11% sur un an des importations (alors que les analystes prévoyaient une hausse de 1,3% seulement), témoignant de la vigueur de la demande intérieure.
"La production industrielle et les investissements ont tous deux surpris les marchés, et combinés avec les chiffres du commerce extérieur (...), cela suggère que l'économie chinoise a atteint un plancher" où elle se stabilise, ont commenté Liu Ligang et Zhou Hao, analyste de la banque australo-néozélandaise ANZ.
"Ces statistiques meilleures qu'attendu pour juillet ont largement éloigné le spectre d'un atterrissage brutal de l'économie chinoise, et signifient que la cible officielle d'une croissance annuelle de 7,5% a désormais davantage de chances d'être atteinte", ont-ils ajouté.
Un net ralentissement de la croissance du PIB chinois au deuxième trimestre (à 7,5%) et une forte contraction de l'activité manufacturière avaient récemment avivé les craintes d'un essoufflement de la deuxième économie mondiale.
Les autorités avaient alors introduit dans la deuxième quinzaine de juillet des mesures destinées à stimuler l'activité -- notamment en réduisant les impôts pour les petites entreprises et en autorisant une diversification des investissements dans les infrastructures et chemins de fer.
Alors que ses exportations flanchaient depuis des mois, la Chine s'est aussi employée en juillet à tenter d'apaiser les différends commerciaux qui l'opposent à l'Union européenne, en enterrant la hache de guerre dans le dossier des exportations de panneaux solaires.
des prévisions "trop pessimistes"
"Si la tendance se poursuit, les prévisions que tout le monde a fait pour la croissance chinoise au troisième trimestre vont rapidement apparaître trop pessimistes, et on devrait bientôt voir (de nombreux économistes) réviser à la hausse leurs prévisions", a observé Lu Ting, analyste de Bank of America Merrill Lynch.
"Le Premier ministre Li Keqiang va désormais poursuivre ses mesures de soutien à l'activité (...) jusqu'à qu'il soit sûr que la croissance économique pour le deuxième semestre ressortira bien autour de 7,5%", a expliqué M. Lu.
Plus encore, "la stabilisation de l'inflation laisse (au gouvernement) une marge de manoeuvre" pour des coups de pouce accrus à l'économie si nécessaire, "tout en écartant des mesures de resserrement monétaire", a-t-il ajouté.
Mais la banque centrale chinoise (PBOC) ne semble pas prête pour autant à baisser ses taux d'intérêt.
"La banque centrale ne veut pas voir le crédit croître de façon trop rapide et trop prolongée", alors que le volume des dettes publiques et privées a explosé dans le pays, a expliqué à l'AFP Yao Wei, analyste de Société Générale.
En revanche, l'amélioration de la conjoncture rend encore plus improbable un éventuel plan de relance de grande ampleur, via des injections massives de liquidités dans l'économie.
La nouvelle équipe de dirigeants chinois sous l'égide du président Xi Jinping, investi en mars, a affirmé sa volonté de rééquilibrer l'économie, en renforçant la demande intérieure au détriment des investissements et des exportations, piliers traditionnels de la croissance.