Les ventes de voitures en Chine augmentent à un tel rythme que la plupart des constructeurs mondiaux ont prévu d'y accroître leurs capacités de production, mais certains d'entre eux pourraient se retrouver avec des surcapacités dans quelques années, selon les analystes.
Le marché chinois a dépassé l'an dernier celui des Etats-Unis pour devenir le premier du monde, une place qu'il va conforter cette année avec environ 17 millions de véhicules vendus, tout en ayant un taux d'équipement encore très faible, ce qui lui donne un potentiel énorme.
L'augmentation attendue des ventes pour l'ensemble de l'année est de 25% à 30%, suite à une envolée de 46% l'an dernier.
"Actuellement, les coentreprises internationales n'ont pas de capacités suffisantes pour construire en Chine toutes les voitures qu'elles pourraient y vendre", a déclaré à l'AFP Klaus Paur, de TNS Research international.
"Cela va bien sûr amener des décisions d'investissement", poursuit cet analyste, d'autant que "la croissance est maintenant surtout tirée par les provinces de l'intérieur" où l'engouement pour l'automobile ne fait que démarrer.
Pour répondre à la demande, la plupart des constructeurs étrangers ont annoncé depuis l'an dernier une augmentation de leurs capacités.
Volkswagen va ouvrir cette année une dixième usine dans le sud du pays et a annoncé la construction d'une onzième d'ici 2013.
PSA Peugeot Citroën va porter la capacité de sa coentreprise avec Dongfeng à Wuhan (centre) de 450.000 à 750.000 unités, tout en lançant un deuxième partenariat avec le constructeur Chang'an à Shenzhen (sud).
Les japonais Nissan et Toyota, BMW, le coréen Hyundai et le chinois FAW ont tous annoncé, parmi d'autres, la construction de nouvelles usines depuis l'an dernier.
De nombreux projets d'usine sont aussi dans les cartons des provinces et municipalités, ce qui inquiète la Commission nationale à la réforme et au développement (NDRC), l'agence de planification chinoise.
Les capacités de production annoncées par les 30 principaux constructeurs s'élèvent au total à plus de 31 millions de véhicules d'ici 2015, près du double de la capacité actuelle. Mais selon les calculs de la Commission, le cumul des capacités annoncées par les provinces pour la même date est encore beaucoup plus élevé.
La NDRC a lancé une mise en garde début septembre contre "les investissements aveugles" car elle considère que ces chiffres trop élevés font courir des risques à un secteur clé pour l'ensemble de l'économie.
"Les industriels du secteur pensent que les ventes vont dépasser 30 millions de véhicules en 2015, mais la NDRC pense que ce chiffre ne sera pas atteint", a expliqué à l'AFP le consultant spécialisé Jia Xinguang.
"Il y a un risque d'avoir trop de capacités de production d'ici 2 à 3 ans si l'expansion du marché se ralentit", reconnaît aussi M. Paur.
"Ce n'est pas la première fois que le gouvernement fait ce genre de mises en garde. Cela arrive tous les trois ou quatre ans", tempère John Zeng, directeur des prévisions du cabinet de consultants spécialisé J.D. Power.
Mais les annonces d'augmentation de capacité de production ne sont pas toujours suivies d'effet, souligne cet analyste, car "les constructeurs sont attentifs à la réponse du marché et réajustent leurs investissements si nécessaires".
Si le marché est saturé, les petits constructeurs chinois risquent d'être fragilisés les premiers.
"L'industrie automobile est très fragmentée, il y a un grand nombre d'acteurs, et le gouvernement aimerait consolider le secteur et regrouper les petits constructeurs", explique M. Paur.