La Chine a donné mercredi de nouveaux signes de ralentissement de son économie avec l'annonce d'une chute des investissements directs étrangers (IDE) et des prix de l'immobilier en décembre, après avoir rendu public un fléchissement de sa croissance mardi.
L'an dernier, les IDE en Chine ont atteint le niveau record de 116 milliards de dollars, progressant de 9,7%, selon le ministère du Commerce. C'est moins qu'en 2010, lorsque ces investissements avaient bondi de 17,4% à 105,74 milliards.
Mais sur les deux derniers mois de 2011, ils ont reculé, de 9,76% sur une base annuelle à 8,76 milliards de dollars en novembre et de 12,7% à 12,2 milliards de dollars en décembre.
La moindre progression des IDE en Chine cette année s'inscrit dans un mouvement plus général de réduction des IDE des pays avancés vers les pays émergents et de ralentissement de la croissance de la deuxième économie mondiale.
La Chine a en effet annoncé mardi une croissance ralentie à 9,2% pour 2011, après une expansion de 10,4% en 2010. Au quatrième trimestre, la hausse du PIB est tombée à 8,9%, son niveau le plus bas depuis le deuxième trimestre 2009.
En 2011, les investissements étrangers en provenance des Etats-Unis ont reculé de 26,07% à trois milliards de dollars tandis que ceux venant de l'Union européenne ont également diminué, mais seulement de 3,65%, à 6,35 milliards de dollars.
En revanche, les investissements en provenance de dix pays et territoires asiatiques, dont le Japon, la Corée du Sud, Taïwan et Hong Kong ont progressé de 14% à 100,5 milliards de dollars, a précisé le ministère.
Pour la première fois, les investissements étrangers dans les services, qui se sont élevés en 2011 à 55,24 milliards de dollars, en hausse de 20,5%, ont dépassé ceux dans l'industrie manufacturière, qui n'ont progressé que de 5,1% à 52,1 milliards de dollars.
De leur côté, les investissements chinois à l'étranger dans les secteurs non financiers n'ont progressé que de 1,8% l'an dernier, pour atteindre 60,07 milliards de dollars. Ceux vers l'Europe ont toutefois bondi de 94,1%, mais leur montant ne s'élève qu'à 4,28 milliards de dollars.
Les investissements chinois en Afrique ont pour leur part augmenté de 58,9%, à 1,7 milliard de dollars, toujours selon le ministère du Commerce.
La faiblesse de la croissance des IDE en Chine et des IDE chinois vers l'étranger "est principalement due à la faiblesse de la reprise économique mondiale", a déclaré lors d'un point de presse le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Shen Danyang.
"Certaines grandes économies développées, comme les Etats-Unis et l'Union européenne, sont essoufflées", a-t-il ajouté.
La Banque mondiale (BM) a constaté de son côté dans un rapport que "les flux de capitaux vers les pays émergents ont beaucoup faibli alors que les investisseurs ont retiré des sommes substantielles des marchés des pays en développement durant le second semestre" 2011.
"L'intérêt mondial pour l'investissement a souffert d'un environnement économique qui bat de l'aile", a réagi de son côté Zhou Hao, économiste chez Australia and New Zealand Bank, basé à Shanghai.
"En Chine, il y a une politique assez restrictive sur le crédit, ce qui contribue à réduire le flux d'investissements directs étrangers", selon cet analyste.
Une politique monétaire plus restrictive et l'ordre donné aux banques d'Etat de limiter le volume de leurs prêts ont aussi pesé sur les investissements dans le secteur immobilier, pilier de la deuxième économie mondiale.
Tandis que pour enrayer la spéculation qui sévissait encore il y a quelques mois, de nombreuses villes ont limité le nombre d'appartements que les particuliers peuvent acheter, les prix des logements neufs ont chuté en décembre dans 52 villes sur 70 faisant l'objet d'une enquête gouvernementale, après avoir baissé en novembre dans 49 d'entre elles.