Sur fond de récession, un nouveau record absolu de chômeurs a été atteint fin avril avec 3.264.400 demandeurs d'emploi sans activité, une nouvelle hausse qui se prolongera dans les prochains mois, a prévenu jeudi le gouvernement, mais François Hollande a une nouvelle fois promis une inversion en fin d'année.
Le mois d'avril a compté 1.326 chômeurs de plus par jour en catégorie A (n'ayant pas travaillé au cours du mois), soit au total 39.800 en métropole.
En hausse globalement depuis cinq ans, le nombre de chômeurs dans cette catégorie très regardée augmente sans interruption depuis deux ans. Au cours de cette dernière période, il s'agit de la troisième plus forte hausse enregistrée, après 43.900 en janvier 2013 et 40.000 en octobre 2012.
Le pic historique de 1997 avait été dépassé fin mars. En un an, l'augmentation est de 12,5%. Les régions Pays-de-la-Loire, Champagne-Ardenne et Bretagne enregistrent des hausses supérieures à 15,5%.
Au total, en tenant compte aussi des chômeurs ayant eu une activité réduite et de l'Outre-mer, Pôle emploi recense désormais 5,09 millions de demandeurs d'emploi, 62.100 de plus qu'en mars, la plus forte augmentation depuis avril 2009.
Avec 2% d'inscrits de plus en un mois en catégorie A (contre +1,2% en moyenne), les moins de 25 ans ont été particulièrement touchés. En un an, les plus de 50 ans le sont davantage (+17,4%).
Malgré des prévisions sombres pour 2013 et 2014 de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et de l'Unédic, François Hollande a une nouvelle fois maintenu son objectif d'une "inversion de la courbe du chômage avant la fin de l'année".
"Ces chiffres viennent, hélas, confirmer une tendance (...) depuis cinq ans" et "de manière plus forte depuis deux ans", a commenté le chef de l'Etat. Conséquence de la récession en Europe, le chômage élevé tient aussi à deux "raisons spécifiques à la France", a-t-il affirmé: "le manque de solidarité envers les jeunes et les seniors" et le "défaut de compétitivité".
Pour Jean-François Copé, président de l'UMP, "François Hollande est responsable de la situation: responsable et coupable".
25.000 emplois d'avenir
Séminaire gouvernemental à l'Elysée mardi, déplacement sur un site automobile mercredi, contribution franco-allemande sur la croissance et l'emploi présentée jeudi avec la chancelière Angela Merkel: le président a été sur tous les fronts cette semaine pour défendre sa politique de l'emploi.
L'initiative franco-allemande, alors que 6 millions de jeunes Européens sont au chômage, pourrait notamment financer un "Erasmus de l'alternance" et compléter l'arsenal antichômage du président, qui peine à décoller.
Emplois d'avenir, contrats de génération, loi sur la sécurisation de l'emploi: les instruments sont "en place" mais en attendant qu'ils produisent leurs effets, et faute de croissance, "cette tendance négative se prolongera encore dans les prochains mois avant que nous ne parvenions, par la mobilisation de tous les acteurs et de tous les instruments, à inverser la courbe du chômage à la fin de l'année", reconnaît le ministère du Travail dans un communiqué.
Celui-ci a publié jeudi un nouveau bilan du dispositif emplois d'avenir: 25.000 contrats signés pour des jeunes peu ou pas diplômés, sur un objectif de 100.000 d'ici la fin de l'année.
En échange d'un délai de deux ans pour juguler le déficit, Bruxelles a appelé mercredi la France à lancer "en urgence une réforme de l'assurance chômage" pour rendre "attractif le retour au travail" et mettre en oeuvre rapidement la réforme du marché du travail (loi sur la sécurisation de l'emploi, votée le 14 mai).
Fruit de l'accord du 11 janvier entre le patronat et trois syndicats, cette réforme encourage notamment les accords de flexibilité comme celui conclu chez l'équipementier automobile allemand Bosch près de Rodez (Aveyron) où François Hollande s'est symboliquement rendu mercredi.
Le chômage et ses chiffres "continuellement détestables" sont le résultat de politiques qui "mettent l'emploi sous pression" avec des "ordres pris à Bruxelles et à Berlin", a réagi jeudi la CGT, non signataire de l'accord, comme FO, qui a réclamé aussi un "changement de politique macro-économique".
De son côté, la CFDT a lancé un appel à une "mobilisation urgente de tous" avant la deuxième conférence sociale les 20 et 21 juin.