La Commission européenne a affirmé mercredi que Nicosie devait présenter une solution garantissant la soutenabilité de sa dette, qui devrait atteindre 100% du PIB en 2020, conformément à l'accord conclu samedi sur le plan de sauvetage de l'île.
"C'est désormais aux autorités chypriotes de présenter une solution alternative qui respecte le critère de soutenabilité de la dette et les paramètres financiers correspondants", a affirmé Olivier Bailly, un porte-parole de la Commission européenne en lisant un communiqué de l'exécutif européen.
Si Nicosie recevait un prêt plus conséquent de la zone euro et du FMI, ce qui semble très improbable à ce stade, ou de la Russie, auprès de qui elle cherche soutien, sa dette dépasserait mécaniquement le seuil de 100% du PIB en 2020 retenu dans le plan de sauvetage initial.
Dans ce cas, Chypre ne bénéficierait donc plus de l'aide de 10 milliards d'euros promise par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI).
Une décision sur un plan de sauvetage chypriote amendé sera "prise par les Etats membres et ne peut se faire sans eux, y compris Chypre", comme pour toutes les décisions, a ajouté le porte-parole de la Commission, précisant que les contacts se poursuivaient entre les institutions européennes et les autorités chypriotes.
La zone euro et le FMI ont trouvé samedi matin un accord sur un plan de sauvetage d'un maximum de 10 milliards d'euros pour Chypre, en échange d'une taxe exceptionnelle sur tous les dépôts bancaires qui rapportera 5,8 milliards d'euros et a suscité un tollé.
Les bailleurs de fonds de Nicosie n'étaient pas prêts à lui accorder 17,5 milliards d'euros, les besoins estimés du pays, car ce montant était l'équivalent de son PIB. Ils craignaient que le pays ne puisse pas rembourser cette somme et que sa dette explose à des niveaux insoutenables, une fois l'aide versée.
"La Commission a été très claire pendant l'Eurogroupe (lundi soir), en disant qu'une solution alternative respectant les paramètres financiers serait acceptable, de préférence sans taxer les dépôts en-deçà de 100.000 euros. Les autorités chypriotes n'ont pas accepté ce scénario alternatif", a-t-elle souligné.
Elle a également rappelé que la décision de taxer tous les déposants à Chypre, sans exception, avait été prise à l'unanimité lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro dans la nuit de vendredi à samedi, mais que les choix faits ne correspondaient pas toujours à ce qu'elle avait souhaité.
"Même si le plan de sauvetage chypriote ne correspondait pas en tout point aux propositions et aux préférences de la Commission européenne, elle se devait de le soutenir car les alternatives mises en avant étaient à la fois plus risquées et moins à même de soutenir l'économie chypriote", a indiqué l'exécutif européen.
Selon des sources concordantes, la Commission européenne a travaillé sur l'hypothèse d'une taxe pour tous les déposants mais a proposé des taux inférieurs à ceux qui ont été finalement retenus -- autour de 3%-- pour les moins fortunés, ainsi qu'une nouvelle tranche d'imposition pour les dépôts au-delà de 500.000 euros.