Les autorités chypriotes ont annoncé vendredi qu'une enquête judiciaire allait être ouverte pour déterminer les responsabilités dans la tourmente financière qui a obligé l'île à recourir à un plan de sauvetage aux conditions draconiennes.
L'enquête pénale se concentrera sur les délits éventuellement commis entre 2006 et 2013 par des individus susceptibles de porter une responsabilité dans la crise, a expliqué le procureur général Petros Klerides.
Selon la presse locale, l'enquête portera sur les transferts de fonds vers la Grèce depuis la banque désormais disparue Laïki, sur les annulations complaisantes de dette, sur les ventes frauduleuses de titres au public, sur les achats massifs de bonds du Trésor grec par la Laïki et la Bank of Cyprus et sur le développement inconsidéré de ces deux banques à l'étranger.
Une commission publique mise en place début avril par le gouvernement avait renoncé à enquêter sur les affaires faisant l'objet de recours en justice mais le gouvernement a décidé vendredi que la commission allait poursuivre son travail parallèlement à l'enquête pénale.
La crise financière chypriote, provoquée essentiellement par l'exposition des banques de l'île à la dette grecque, a poussé le pays à recourir fin mars à un plan de sauvetage dont les conditions risquent de prolonger durablement la récession dans laquelle le pays est plongé.
En contrepartie d'un prêt de 10 milliards d'euros, Chypre a en effet dû trouver 13 milliards d'euros, essentiellement par une restructuration du système bancaire qui a fait perdre aux détenteurs de comptes tout ou partie de leurs fonds au-delà de 100.000 euros.
Le président chypriote Nicos Anastasiades a promis que toute la lumière serait faite sur les responsabilités dans la crise, mais la commission d'enquête qu'il a mise en place, composée d'anciens juges, a été vivement critiquée pour son inefficacité.