La demande mondiale d'or a reculé en 2017 malgré un rebond au dernier trimestre, plombée par le désintérêt des investisseurs institutionnels, selon le rapport annuel du Conseil mondial de l'or (CMO) publié mardi à Londres.
La demande annuelle d'or s'est élevée à 4.071,7 tonnes en 2017, en baisse de 7% par rapport à l'année précédente.
"Cette baisse s'explique très clairement par le désintérêt des investisseurs américains", a estimé John Mulligan, un des responsables du CMO, interrogé par l'AFP.
La demande mondiale d'ETF (fonds d'investissements adossés à des stocks physiques), qui se concentre principalement aux Etats-Unis et qui concerne surtout les investisseurs institutionnels, a atteint l'équivalent de 202,8 tonnes en 2017, soit une chute de 63% par rapport à l'année précédente.
Les particuliers américains, qui achètent directement des pièces ou des lingots, se sont également défaits de leur métal jaune, ce qui explique une chute de 2% de cette demande à 1.029,2 tonnes sur le marché mondial.
Selon M. Mulligan, ce désintérêt s'explique très largement par la concurrence d'autres actifs, alors que les Bourses américaines ont notamment atteint de nouveaux sommets récemment.
En revanche, les investisseurs européens, notamment en Allemagne, ont gardé de l'intérêt pour les ETF, ce qui explique que sur les trois derniers mois de l'année, la demande mondiale d'ETF s'est ressaisie et a atteint l'équivalent de 28,9 tonnes, contre une baisse de 173,4 tonnes au quatrième trimestre 2016.
Sur ce dernier trimestre de 2017, la demande globale d'or est remontée à 1.095,8 tonnes, en hausse de 6% par rapport au quatrième trimestre 2016.
- Bijouterie et technologie étincellent -
Le secteur de la bijouterie a pour sa part connu une croissance de 4% sur l'année 2017, à 2.135,5 tonnes. Les deux premiers acheteurs, la Chine et l'Inde, ont respectivement grimpé de 3 et de 12%.
"Il s'agit de la première année de croissance de la demande de bijouterie en Chine depuis 2013", année où le pays était devenu le premier acheteur mondial d'or devant l'Inde, a noté M. Mulligan.
Selon lui, le secteur chinois a réussi à se réformer en proposant de nouveaux types de bijouterie et en misant sur le commerce en ligne, ce qui permet de retrouver l'intérêt de jeunes générations qui avaient délaissé le métal jaune. En 2017, la Chine a connu une demande de 646,9 tonnes de bijouterie (+3%).
Histoire légèrement différente en Inde (562,7 tonnes de demande en bijouterie en 2017), puisque la demande y avait chuté en raison de la lutte contre la corruption du gouvernement et d'un processus de démonétisation.
"Le quatrième trimestre est la saison des mariages et des festivals en Inde (où il est traditionnel de donner de l'or, ndlr), mais les politiques gouvernementales ont aussi été plus souples", a argué M. Mulligan.
La demande du secteur technologique a aussi augmenté de 4% à 265,3 tonnes. L'or est un des meilleurs métaux en matière de conduction d'électricité, mais son coût prohibitif pousse souvent les fabricants à tenter de réduire son utilisation.
"La demande technologique a augmenté pour la première fois depuis 2010", a souligné M. Mulligan, "car des technologies comme les chargeurs sans fils deviennent accessibles au grand public" alors qu'elles nécessitent encore d'utiliser de l'or.
La demande des banques centrales a reculé de 5% à 371,4 tonnes. La production d'or a reculé de 4% à 4.398,4 tonnes, pénalisée par la baisse du recyclage du métal jaune alors que la production minière est restée stable.