Chahutée par la crise qui fait fondre les volumes de courrier et de colis, La Poste s'est penchée lundi sur l'avenir de ces deux activités, sources des trois quarts de ses revenus, et devrait réviser en fin d'année son plan stratégique pour 2012.
Jean-Paul Bailly, président de l'établissement public, avait récemment rappelé que depuis le début de l'année, les volumes ont baissé de 6,3% dans le courrier et de 5% dans le colis-express.
En 2009, La Poste, qui doit devenir en 2010 une société anonyme à capitaux publics, prévoit un chiffre d'affaires en baisse de -3%, après +0,2% en 2008.
Le comité exécutif du groupe et ses administrateurs se sont réunis lundi, a expliqué à l'AFP Marc-André Feffer, directeur général délégué en charge de la stratégie, avec "l'idée d'aborder le courrier et le colis-express par rapport à un plan stratégique qu'on avait décidé il y a un an et demi". Ce plan, présenté en 2008, allait jusqu'en 2012, mais Jean-Paul Bailly a prévenu qu'il serait "révisé" compte tenu de la crise.
"Il y aura une deuxième réunion début octobre sur l'enseigne et la banque, le tout devant déboucher (...), en novembre ou en décembre, sur une actualisation de ce plan stratégique pour les différentes divisions de la maison", a indiqué M. Feffer.
La Poste prévoit désormais une baisse des volumes de courrier de 30% d'ici à 2015 et un retour à la normale du colis-express à l'issue de la crise.
"Nous avions avant la crise des taux de croissance de 4 à 5% par an (dans cette branche, ndlr), il n'y a pas de raison qu'on ne retrouve pas à terme ce rythme", selon M. Feffer.
Sur le courrier, "les discussions ont tourné en particulier sur l'internet, qui n'a pas été conçu comme un concurrent (...), mais comme un phénomène de société dont il faut tenir compte pour adapter le courrier", a-t-il indiqué.
Pour cela, La Poste veut "innover", ce qui "peut donner lieu par exemple à des partenariats avec des acteurs de l'internet, en France ou à l'étranger".
Le premier grand axe stratégique sera le développement du chiffre d'affaires, ce qui passe par "le développement des produits, des services" et "éventuellement des diversifications européennes, par exemple dans la publicité non adressée dans des pays comme l'Espagne ou l'Europe de l'Est".
Les deux autres axes sont l'amélioration de la productivité et l'optimisation des dépenses.
Sur le colis-express, "la situation est assez différente" car "le colis et l'express sont atteints par la crise économique mais pas vraiment par la concurrence d'internet, bien au contraire". Selon lui, "avec le redémarrage de la croissance, le colis et l'express devraient repartir à la hausse".
La Poste entrevoit même "des pistes de croissance": sur le colis, dopé par le e-commerce, elle veut offrir "une gamme de livraison beaucoup plus large", et sur l'express, elle envisage de déployer ses offres BtoC (de l'entreprise au particulier) hors de France.