Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a jugé "absolument impérieux" lundi de renforcer la surveillance économique de la zone euro.
Les textes européens et les législations nationales "qui doivent permettre de surveiller beaucoup plus étroitement les évolutions budgétaires nationales" et doivent être adoptés dans "quelques jours" sont "évidemment absolument impérieux".
M. Trichet a également jugé urgent d'appliquer les décisions prises lors d'un sommet de la zone euro le 21 juillet pour aider la Grèce: "Là aussi nous avons un besoin immédiat et impérieux que l'ensemble de ces décisions soient mises en oeuvre", a-t-il déclaré devant l'Institut Montaigne à Paris.
"Il n'y a plus l'ombre d'une ambiguïté" sur le fait que la crise a "clairement révélé que la gouvernance au sein de la zone euro était absolument essentielle", faisant émerger un "consensus pour avoir un renforcement extrêmement substantiel du pacte de stabilité et de croissance".
"Nous aurons dans les jours qui viennent un nouveau pilier de surveillance des politiques macro-économiques, des indicateurs de compétitivité et des déséquilibres au sein de la zone euro", s'est-il félicité.
A terme, a-t-il réaffirmé, "on peut imaginer un gouvernement confédéral avec un ministre des Finances confédéral qui pourrait assurer l'ensemble de la gouvernance au sein de la zone euro et imposer telle ou telle décision".
Il aurait la responsabilité de soutenir "la position européenne dans les négociations internationales sur le plan financier" et serait responsable également du secteur financier, a-t-il indiqué.
Le président de la BCE a par ailleurs déploré que le marché unique européen à 27 "soit encore loin d'être achevé, très singulièrement dans le domaine des services".
Outre cette "anomalie flagrante", M. Trichet a évoqué "un problème majeur de réformes structurelles". Les Européens, a-t-il ironisé, "ressemblent à ces opérettes dans lesquelles on dit, marchons, marchons, marchons, courons, courons, courons, en restant à peu près immobiles".
"C'est à peu près ce qui se passe avec le programme de Lisbonne" qui devait faire de l'Europe l'économie de la connaissance la plus compétitive et dynamique du monde, a-t-il observé.
M. Trichet a par ailleurs estimé que les gouvernements mondiaux étaient "à mi-chemin" dans leurs efforts pour renforcer la solidité de l'ensemble du système financier.
"Il reste beaucoup de choses à faire, notamment en ce qui concerne les institutions systémiques", c'est-à-dire dont la défaillance pourrait déstabiliser le système financier, a-t-il dit.