La Slovaquie était sous pression de ses partenaires mercredi après avoir rejeté le système de défense anti-crise de l'Union monétaire, tandis que l'Europe met au point un plan de recapitalisation de ses banques face au risque de défaut de paiement de la Grèce.
Les députés slovaques ont rejeté mardi soir le renforcement du Fonds de secours financier de la zone euro (FESF), mettant un coup d'arrêt au moins temporaire aux efforts européens pour stopper la contagion de la crise de la dette.
Mais un second vote pourrait être organisé, à une date non encore déterminée, si la coalition au pouvoir parvient à rallier l'opposition de gauche qui monnaie son soutien.
La Slovaquie est le dernier des 17 pays de la zone euro à devoir approuver l'élargissement à 440 milliards d'euros de ce filet de sécurité pour les pays en difficulté, décidé sur le principe le 21 juillet. En cas de non définitif, le FESF n'aura qu'une capacité d'action limitée pour aider les Etats à éviter la banqueroute et à recapitaliser leurs banques.
"Ce n'est pas une bonne nouvelle (...) mais je fais confiance aux autorités de Slovaquie" pour organiser un deuxième vote, a déclaré mercredi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.
"Le FESF sera ratifié au moment de la réunion d'octobre", a affirmé pour sa part la chancelière allemande Angela Merkel, sans préciser à quelle réunion elle faisait référence. Un sommet des dirigeants européens est prévu le 23 octobre pour apporter, en principe, une réponse convaincante à la crise.
La réunion a été repoussée cette semaine de quelques jours pour permettre aux Européens de finaliser leur arsenal, en particulier sur la situation des banques.
"Tous les pays de l'Union européenne doivent prendre part au combat" pour résoudre la crise de la dette, a insisté Mme Merkel.
Les Bourses européennes ont ouvert mercredi en léger recul, semblant tabler sur un deuxième vote slovaque: Paris perdait 0,54%, Francfort 0,24% et Londres 0,47%.
Le temps presse car la crise de la dette a déjà pris en Europe les allures d'une crise bancaire. Un premier établissement, le groupe franco-belge Dexia, en a fait les frais en étant démantelé lundi.
Pour éviter une propagation, qui inquiète le monde entier et notamment les Etats-Unis, l'Europe travaille à un plan de renflouement des établissements les plus fragiles.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, doit dévoiler dans l'après-midi des propositions à ce sujet.
Selon le quotidien Financial Times, l'Autorité bancaire européenne (EBA) envisage de relever à 9% le niveau minimum des fonds propres "durs" des banques européennes (capital et bénéfices mis en réserve par rapport aux prêts accordés). Celles-ci auront entre 6 et 9 mois pour s'y conformer, faute de quoi elles devraient accepter une recapitalisation par les pouvoirs publics.
Un durcissement à 9% de fonds propres "durs" pourrait contraindre les banques à lever au total 275 milliards d'euros, selon les estimations des analystes de la banque américaine Morgan Stanley, citées par le quotidien britannique.
Selon une source européenne, la Commission réfléchit effectivement à l'option d'un relèvement du seuil de capitaux propres "durs" pour les banques "vers 10%", un seuil qui avait également été suggéré par le FMI.
Le FMI avait estimé début octobre qu'il faudrait injecter entre 100 et 200 milliards d'euros dans les banques européennes.
En France, BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole ont déjà annoncé en septembre tabler sur un ratio de fonds propres "durs" de 9% au moins début 2013.
"On y parviendra en mobilisant les revenus des banques elles-mêmes, qui gagnent de l'argent, le capital privé et, si c'est nécessaire, en dernier ressort, le capital public", a précisé Alain Juppé mercredi.
Les modalités de recapitalisation sont au centre d'un différend entre Paris et Berlin. La France ne cache pas que, si cela devait s'avérer nécessaire, elle préférerait avoir recours au Fonds européen de stabilité financière (FESF) plutôt qu'à des capitaux publics pour renflouer les banques, afin de ne pas mettre en danger sa notation d'excellence "AAA" pour sa dette, alors que l'Allemagne privilégie un renflouement national.
L'intervention de M. Barroso mercredi reflète en tout cas le souci de la Commission de ne pas laisser le sujet au seul couple franco-allemand, critiqué par certains partenaires.
"Si vous regardez les 12 derniers mois, environ 70% des propositions franco-allemandes n'ont pas abouti à une décision", a déclaré mercredi le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, dans une interview au quotidien allemand Handelsblatt.