Le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a promis mardi de durcir le combat contre les importations et la vente illégales de fruits et légumes, parmi des mesures immédiates destinées à apaiser la détresse et la colère de professionnels français aux abois.
M. Le Maire est descendu mardi après-midi dans les Pyrénées-Orientales qui devraient représenter cette année encore le tiers de la production française de pêches.
Dans un département où la profession l'avait prévenu qu'elle ne se contenterait pas de paroles mais attendait des annonces, M. Le Maire a, dès son arrivée, accédé à cette exigence en promettant une réponse immédiate et concrète à la crise et en commençant par participer au sud de Perpignan à une opération de contrôle de camions en provenance d'Espagne.
"Ceux qui jouent avec le calibrage des fruits, ceux qui jouent avec les prix en n'ayant pas de bon de commande seront sanctionnés", a-t-il dit devant un péage sur l'A9, par où transite la noria de poids-lourds venus d'Espagne.
"Je ferai en sorte qu'ils soient plus durement sanctionnés dans les semaines à venir", a-t-il ajouté, dans des propos destinés à ceux qui s'approvisionnent en Espagne.
La profession se dit en plein marasme. Elle s'émeut de vendre à perte, dénonce la concurrence déloyale exercée selon elle par des pays comme l'Espagne ou l'Italie, et le chantage pratiqué selon elle par la grande distribution.
Selon la FDSEA des Pyrénées-Orientales, le coût direct d'une heure de travail est de 11 euros pour un producteur de pêches français quand il est au maximum de 4 ou 5 euros de l'autre côté de la frontière pour un Espagnol.
La profession se dit aussi victime du chantage de la grande distribution qui la force à vendre à perte ou à voir les grandes surfaces s'approvisionner ailleurs. Le kilo de pêches revient à 1,40 euro à son producteur, mais il lui est acheté un euro, dit la FDSEA.
Sur l'autoroute A9, M. Le Maire entendait montrer que le gouvernement se préoccupe de la traçabilité des fruits et sanctionnerait ceux qui s'approvisionnent illégalement pour revendre les fruits moins chers.
"Aujourd'hui, les sanctions sont insuffisantes, et ceux qui en crèvent à la fin, ce sont les producteurs", a-t-il déclaré.
Les services de répression de la fraude doivent aussi intensifier la traque aux camions venus d'Espagne sans bon de commande, a-t-il dit.
M. Le Maire devait poursuivre son déplacement dans une coopérative d'Ille-sur-Têt, au coeur d'une vallée qui produit 80% des pêches du département.
Là, il pourrait annoncer d'autres mesures "immédiates et concrètes" à une profession qui l'attend au tournant et qui a laissé entendre que sa réaction pourrait être vive si elle était déçue.
Les producteurs ont encore exprimé leur exaspération samedi en défonçant le portail du consulat d'Espagne à Perpignan et en y déversant des centaines de kilos de pêches.
M. Le Maire a dit comprendre ce "désespoir", mais aussi condamner les violences.
Les professionnels attendent immédiatement des mesures de trésorerie les aidant à rembourser leurs emprunts ou à amortir les prélèvements et les cotisations.
Au-delà des mesures immédiates, "il faut être capable d'apporter des réponses de fond", a dit M. Le Maire dans la presse locale avant son arrivée. "Il est donc indispensable d'harmoniser les règles européennes. Une des clés pour aider les producteurs français est que le coût du travail doit être à peu près semblable et compétitif par rapport à celui des Espagnols ou des Italiens", a-t-il déclaré.
Ainsi le plan de sortie de crise que le ministère a promis aux producteurs pour le 7 septembre sera une "réponse conjoncturelle, structurelle et européenne", a-t-il dit.
La production de pêches emploie l'équivalent de 4.000 personnes à temps plein dans les Pyrénées-Orientales selon la FDSEA.