L'exécutif jubilait lundi, ravi d'annoncer un déficit public "très probablement inférieur" à la cible des 5,7% du PIB visés en 2011, même si les mises en garde se sont multipliées ces derniers temps sur les risques d'un dérapage des comptes publics cette année.
Le Premier ministre François Fillon l'a annoncé lors de ses voeux à la presse: le déficit de l'Etat sera "de 4 milliards inférieur à la dernière prévision" pour 2011 avec, en conséquence, un déficit public "très probablement inférieur aux 5,7% du PIB".
De combien? Trop tôt pour le dire, explique-t-on à Bercy, où l'on rappelle que le déficit public de la France résulte du cumul de ceux des administrations centrales, autrement dit de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale.
"J'attends les chiffres définitifs en mars", a déclaré à l'AFP la ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse.
En attendant de pouvoir tirer un trait sous cette addition, François Fillon s'est au moins satisfait d'avoir pu tenir les rênes de son budget dans la tourmente de la crise "grâce aux efforts engagés par le gouvernement".
A 104 jours du premier tour de l'élection présidentielle, le président Nicolas Sarkozy n'a guère boudé son plaisir, confirmant l'information depuis Berlin, à l'issue d'un énième sommet de crise avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Selon Valérie Pécresse, le respect des 5,7% en 2011 est de bon augure pour 2012. "La France est crédible aujourd'hui, nous sommes assurés d'atteindre 5,7% contre 7,1% en 2010, soit une marche de 1,4 point qui crédibilise l'objectif des 4,5% pour cette année", a-t-elle souligné.
Pour autant, François Fillon a averti: "Nous devons continuer de réduire nos déficits et nous préparer à toutes mesures nouvelles éventuelles", un "gage de crédibilité vis-à-vis des Français comme vis-à-vis des marchés".
Un troisième plan de rigueur avant la présidentielle a été exclu par Nicolas Sarkozy lors de ses voeux aux Français le 31 décembre, mais toute une série de mesures pourraient être prises lors du Sommet social que le président de la République réunira le 18 janvier à l'Elysée. Outre la TVA sociale largement débattue, ces mesures pourraient concerner l'emploi, et notamment l'assouplissement du chômage partiel.
Equilibre budgétaire
En attendant, le gouvernement se félicite d'avoir gravi une nouvelle marche vers le retour à l'équilibre budgétaire. Mais il laisse à son successeur les suivantes, qui seront au moins aussi hautes puisque la France s'est engagée vis-à-vis de ses partenaires européens à ramener ses déficits publics à 4,5% du PIB en 2012, 3% en 2013, pour un retour à l'équilibre prévu en 2016.
Pour sa part, François Hollande, le candidat du PS à l'Elysée, a promis "une loi de programmation des finances publiques extrêmement précise sur le retour à l'équilibre de nos comptes à la fin de 2017", s'il était élu.
Les économistes n'en restent pas moins dubitatifs. "Il est bon que les objectifs soient tenus cette année, mais on reste sur des niveaux de déficits très importants", a souligné Nicolas Bouzou (Asterès), interrogé par l'AFP.
Selon lui, "le budget 2012 sera beaucoup plus compliqué en l'absence de croissance et alors que le retour des déficits à 4,5% du PIB est bâti précisément sur une hypothèse de croissance de 1%". Conclusion de Nicolas Bouzou: "Le problème reste ainsi entier."
Même son de cloche du côté de Marc Touati (Assya Compagnie Financière) qui souligne que "les dépenses publiques restent à un niveau de pratiquement 57% du PIB en France, l'un des plus élevés de la planète et de notre histoire".
"Tout ce qui va dans le sens d'une baisse de ces dépenses est positif mais malheureusement, vu l'ampleur des déficits, cela reste du colmatage de brèche", assure-t-il.