Le PDG-fondateur de Dell doit une nouvelle fois tenter mercredi de faire valider par les autres actionnaires son projet contesté de rachat du groupe informatique américain.
Une assemblée générale extraordinaire est programmée à partir de 22H00 GMT au siège du groupe à Round Rock au Texas (sud des Etats-Unis).
Les actionnaires avaient déjà été convoqués au même endroit jeudi dernier, mais la réunion avait été ajournée après quelques minutes et avant que le vote attendu ait eu lieu. Dell avait justifié le report par la volonté de "fournir davantage de temps pour solliciter des procurations auprès des actionnaires".
Des rumeurs d'un nouveau report ont recommencé à circuler mardi, au grand dam du chef de file des opposants à l'opération, l'investisseur Carl Icahn, connu pour ses opérations boursières hostiles.
Il a dénoncé "la débâcle désespérée de Dell", dans une lettre ouverte qu'il a adressée avec son principal allié, le fonds Southeastern Asset Management, au "comité spécial" mis en place par Dell pour superviser l'opération. "Nous pensons qu'après six mois de délai, le temps des sollicitations est terminé. Il est temps de voter. Ne changeons pas encore le jour du vote. Ce n'est pas une république bananière", écrit-il.
Le PDG-fondateur Michael Dell tente en effet depuis début février de convaincre du bien-fondé de son projet visant à racheter en intégralité le groupe informatique, avec l'appui du fonds Silver Lake. Il estime qu'en le retirant de la Bourse, il sera plus facile de recentrer le groupe sur d'autres activités que les PC. Dell en est toujours le numéro trois mondial, mais ce marché est en plein marasme.
Un vote loin d'être acquis
Le prix offert de 13,65 dollars (soit une opération de 24,4 milliards de dollars au total) est toutefois jugé insuffisant par une série de fonds présents au capital. Et Carl Icahn leur a donné des raisons supplémentaires de rechigner, en faisant miroiter un autre plan: il fait campagne pour que le groupe s'endette et puise dans ses liquidités afin de financer un programme de rachat d'actions à 14 dollars par titre.
En l'absence d'amélioration de l'offre de Michael Dell, que certains avaient espérée après le report de l'assemblée générale la semaine dernière, le vote reste loin d'être acquis pour le PDG.
Il est le premier actionnaire du groupe avec 15,6% du capital entre ses mains ou celles de proches à la date du 22 mai, mais il ne participe pas au scrutin.
Carl Icahn et Southeastern sont la deuxième force au sein du capital, avec 13% à eux deux. Et ils ont un gros avantage: les votes blancs ou absents seront comptabilisés comme des "non".
Dans l'invitation pour la nouvelle assemblée générale, Dell réaffirme que "le rejet de la transaction exposerait Dell et ses actionnaires à des risques qui éroderont probablement sa valeur". Plusieurs analystes ont aussi mis en garde contre une chute du cours de Bourse si l'issue du vote est négative.
Cela signifierait en effet plusieurs mois supplémentaires d'incertitudes sur l'avenir du groupe.
Carl Icahn a beau dire qu'il a déjà un remplaçant en tête pour Michael Dell, la seule question posée pour l'instant aux actionnaires concerne le retrait de la Bourse. Même s'il remporte cette première victoire, Carl Icahn ne peut pas garantir l'application de son projet: il faudra encore faire tomber le conseil d'administration lors d'une assemblée générale ultérieure, où cette fois le PDG pourra voter.