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Des banques au prix du pain, Moscou joue les pompiers après l'effondrement du rouble

Publié le 22/12/2014 17:05
L'entrée de la banque centrale de Russie à Moscou, le 17 décembre 2014 (Photo Yuri Kadobnov. AFP)
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L'entrée de la banque centrale de Russie à Moscou, le 17 décembre 2014 (Photo Yuri Kadobnov. AFP)

Sauvetage d'une grosse banque menacée de faillite, soutien aux compagnies aériennes, restrictions sur les exportations de blé : les autorités russes ont commencé lundi à jouer les pompiers face aux conséquences de l'effondrement du rouble.

Sur le marché des changes, la monnaie russe respire : de nouveau en hausse lundi, elle a désormais effacé sa chute vertigineuse de la semaine dernière, s'échangeant autour de 67 roubles pour un euro et 55 roubles pour un dollar.

Les niveaux historiques récents, conséquence dramatique d'une année de crise ukrainienne et de chute des cours du pétrole, sont désormais loin. Mais dans l'économie russe, le pire choc monétaire subi par la Russie en 15 ans se fait sentir.

La tempête semble avoir déjà fait une victime de taille : la banque Trust, 29e du pays en termes d'actifs et 15e en termes de dépôts de particuliers, a été mise sous la tutelle d'urgence par la banque centrale pour lui éviter la faillite.

L'établissement présent dans 160 villes, qui avait engagé l'acteur américain Bruce Willis pour ses publicités, va être renfloué à hauteur de 30 milliards de roubles (430 millions d'euros). Cela devrait éviter toute répercussion pour les clients, en attendant qu'un repreneur soit choisi.

La Banque de Russie, qui a annoncé sa décision à l'issue d'une réunion extraordinaire, ne l'a pas liée ouvertement à la chute du rouble. Mais une source proche de Trust cité par l'agence économique RBK a estimé qu'elle avait été déstabilisée par la ruée des épargnants vers les devises étrangères ces dernières semaines, à l'origine d'un "important retrait de liquidités".

- Taux des crédits relevés -

L'effondrement du rouble intervient à un moment difficile pour la Russie, déjà au bord de la récession, confrontée à une inflation approchant 10% et isolée par la crise ukrainienne.

Les partenaires les plus fidèles de Moscou, qui risquent de subir le contrecoup de ses difficultés économiques, semblent prendre leurs distances, comme le montre la visite à Kiev des présidents bélarusses Alexandre Loukachenko et kazakh Noursoultan Nazarbaïev.

D'ores et déjà, certains économistes prédisent une chute de 5% du produit intérieur brut l'année prochaine et une inflation jusqu'à 20%.

Dans ce contexte délicat, le secteur bancaire, avec plus de 800 établissements, est jugé particulièrement vulnérable. Les premières mesures annoncées la semaine dernière par les autorités visent justement à assurer la stabilité financière, avec notamment une recapitalisation du secteur de 1.000 milliards de roubles (13 milliards d'euros).

Signe du durcissement dans le secteur, conséquence de la hausse de taux radicale de la banque centrale pour défendre le rouble, la première banque du pays, Sberbank, a relevé lundi les taux de ses crédits immobiliers. Elle a aussi augmenté l'apport minimal exigé et suspendu l'octroi de certains prêts qui ne relevaient pas de son coeur de métier, comme les crédits automobiles.

- Compagnies aériennes en difficultés -

Peinant à se financer, deux des trois premières compagnies aériennes russes, Transaero et Utair, ont appelé l'Etat au secours, dépassées notamment par l'explosion des paiements des contrats de location-bail des avions. Le gouvernement a aussitôt annoncé accorder des garanties sur crédits et de nouvelles subventions sur les lignes intérieures.

Pour les Russes, l'effet le plus immédiat est dans la valse des étiquettes. Exemple symbolique, le fabricant informatique Apple a appliqué lundi sa deuxième hausse en deux mois (+70% au total) des prix de ses iPhone et MacBook appréciés de la classe moyenne des grandes villes.

Les autorités s'inquiètent davantage de la hausse des prix du blé et du pain, paradoxale après une récolte de céréales parmi les plus abondantes jamais vues avec 104 millions de tonnes. Mais les agriculteurs ont nettement intérêt à vendre à l'extérieur du pays, en dollars, au détriment du marché russe, et le gouvernement a imposé des barrières douanières pour réduire les exportations.

En cette période d'embargo agroalimentaire contre l'Union européenne, la Russie doit "disposer de réserves minimales qui assurent sa sécurité alimentaire", a jugé le Premier ministre, Dmitri Medvedev.

Même si l'annonce de cette baisse de l'offre arrive à un moment où le marché mondial est plutôt bien pourvu, elle a eu pour effet immédiat une hausse des cours du blé sur les marchés européens.

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