La Bourse de Paris a aligné sa cinquième semaine de baisse d'affilée et se prépare à des jours encore difficiles pour s'adapter au nouveau contexte financier et à des marchés moins riches en liquidités, après l'annonce d'un resserrement de la politique monétaire américaine.
"Les places financières vont désormais devoir vivre dans un nouvel environnement et les gestionnaires devront ajuster leur stratégie d'investissement en fonction de ces nouvelles donnes", indique Renaud Murail, gérant de portefeuille de Barclays Bourse, qui prévoit "une forte volatilité sur les jours à venir avec des marchés hésitants".
D'un vendredi à l'autre, l'indice CAC 40 a perdu 147,12 points, soit 3,86% pour terminer vendredi à 3.658,04 points. Ses gains depuis le 1er janvier sont désormais quasi nuls (+0,47%).
La semaine qui vient de s'écouler a été marquée par les annonces de la banque centrale américaine (Fed) qui a clairement affiché son intention de ralentir ses mesures de soutien. La banque prévoit de réduire ses rachats d'actifs sur le marché d'ici fin 2013, avant un arrêt de cette politique, prévu mi-2014.
Des propos qui étaient attendus, mais ont malgré tout fait peur aux courtiers. Ils signifient que les taux d'intérêt dans le monde vont remonter et que les liquidités qui avaient soutenu les indices boursiers depuis plusieurs mois, vont s'assecher progressivement.
La réaction a été immédiate au lendemain de cette annonce, créant une onde de choc sur l'ensemble des places avec le CAC 40 qui a dévissé de 3,6% jeudi.
"On va passer d'un marché de flux, abreuvé de liquidités, à un marché plus concret qui se calquera désormais sur les données macroéconomiques", a-t-il précisé.
Une petite révolution pour les investisseurs qui s'étaient habitués depuis de longs mois à s'appuyer sur la béquille de la Fed et étaient moins sensibles aux indicateurs macroéconomiques.
Si la transition risque d'être difficile et de susciter de la nervosité, à terme, le nouveau contexte économique devrait être plus fiable et surtout moins superficiel.
"Mais en attendant il y aura une phase de flottement", prévient Jean-Michel Mourier, économiste d'Aurel qui s'attend à un "marché parisien plutôt orienté à la baisse la semaine prochaine, à la recherche de catalyseurs" et ce jusqu'à la deuxième semaine de juillet, début de la saison des résultats du 2e trimestre.
Forte volatilité
Dans les salles de marché, on prévoit encore une forte volatilité avec la publication de nombreuses statistiques européennes mais surtout américaines dont des indicateurs sur l'immobilier, les commandes industrielles et la confiance .
Si l'économie outre-Atlantique s'améliore plus que prévu, les investisseurs vont spéculer sur un resserrement monétaire plus rapide qu'attendu de la part de la Fed et la Bourse va en pâtir.
Peu à peu cette dichotomie sur les marchés financiers (les bonnes nouvelles macroéconomiques se révélant être mal interprétées par les bourses) devrait disparaître, créant un "marché plus sain", prévoit M. Mourier.
La Bourse devrait être également perturbée par les perspectives de remontée des taux dans le monde et par le risque "d'un ralentissement des échanges avec les pays émergents", précise Philippe Waechter, économiste de Natixis.
L'attentisme devrait également prévaloir les prochains jours avant les conclusions du prochain Sommet européen qui se déroulera les 27 et 28 juin.
"Depuis un an il ne se passe rien sur l'Europe et les investisseurs espèrent que ce sommet sera une étape importante dans la construction et le renforcement de la zone euro", indique le CM-CIC.