Le groupe anglo-australien Rio Tinto a entamé des "négociations exclusives" pour la reprise de ses sites français de Castelsarrasin et Saint-Jean-de-Maurienne avec le groupe allemand Trimet, ouvrant une perspective pour l'usine savoyarde menacée depuis plusieurs mois.
L'annonce de l'ouverture de ces discussions a été faite mercredi par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
"Rio Tinto a engagé des négociations exclusives avec l'entreprise Trimet pour la reprise du site de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), mais également de Saint-Jean de Maurienne", a déclaré M. Montebourg devant l'Assemblée nationale, en réponse à une question du député UMP de Savoie Hervé Gaymard.
Le ministre a salué "une étape importante pour la pérennité de l'usine de Saint-Jean-de-Maurienne", a-t-on indiqué dans son entourage.
L'usine d'aluminium de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) est menacée de fermeture depuis plusieurs mois, Rio Tinto Alcan (RTA), filiale aluminium du groupe anglo-australien, ne souhaitant pas poursuivre l'exploitation du site à l'échéance au printemps 2014 du contrat d'électricité très avantageux avec EDF.
M. Montebourg a indiqué qu'il proposait d'associer la Banque publique d'investissement (BPI) comme partenaire du projet de reprise. Les négociations "ne sont pas encore terminées" et le ministère "continue de s'y employer activement", indique-t-on au ministère.
M. Montebourg "va réunir dans les prochains jours Rio Tinto et Trimet" qui ont accepté son invitation, a-t-on précisé dans son entourage.
Le ministre a également prévu de se rendre d'ici la fin du mois de mars en Allemagne pour rencontrer les équipes de Trimet et visiter un de ses sites de production d'aluminium.
L'ensemble des deux sites français de RTA, Castelsarrasin et Saint-Jean-de-Maurienne, représentent quelque 2.000 emplois directs et indirects.
Pendant plusieurs mois, le ministre du Redressement productif a conduit des rencontres avec les salariés, les organisations syndicales et les élus sur le dossier de la reprise des sites de Rio Tinto Alcan, une démarche à laquelle a été associée le ministre en charge de la Formation professionnelle Thierry Repentin, lui-même élu de Savoie.
A la mi-février, M. Montebourg avait fait annoncer que "des repreneurs" potentiels avaient été identifiés pour la reprise des deux sites français et estimé que les négociations avec Rio Tinto "pourraient aboutir dans les prochains mois" et "pérenniser les 600 emplois directs de ces deux usines et les quelque 1.000 emplois indirects".
Implantée depuis plus de 100 ans en Maurienne, l'usine de Saint-Jean-de-Maurienne appartenait à l'ex-fleuron français de l'aluminium Pechiney, rachetée par le groupe canadien Alcan en 2003, lui-même absorbé par Rio Tinto en 2007.
Fondé en 1985, Trimet Aluminium AG est un groupe familial allemand, qui emploie 1.900 personnes sur 12 sites, dont 7 en Allemagne. Le groupe, qui se présente comme le premier producteur allemand d'aluminium, a réalisé un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros sur l'exercice 2011/12.
Trimet est "l'un des fleurons du MittelStand allemand" -- un terme qui qualifie les entreprises de taille intermédiaire en Allemagne --, insiste un communiqué du ministère de M. Montebourg mercredi soir. Et d'ajouter: "la France, berceau mondial de l'aluminium, ne peut se résigner à la perte définitive de ses outils de production stratégiques (...) Sauvegarder et développer une industrie de l'aluminium, c'est épargner à la France des importations supplémentaires".